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Annulation du Congrès 2020 du GREPFA-France

Annulation des journées de formation du GREPFA-France de juin 2020

La situation sanitaire que nous avons traversé nous a contraint à devoir annuler les journées de formation des 11 et 12 juin 2020 à Paris.

Sans possibilité de trouver des dates satisfaisantes de report avant la fin de cette année, le comité d'organisation a définitivement entériné l'annulation de ces journées.

Nous vous informerons de la suite de nos activités dès que nous le pourrons.

D'ici là, vous pouvez continuer à consulter les actes des précédentes journées compilés sur notre site (colonne de gauche). Celui-ci avait rencontré des soucis d'accès, nous empêchant de l'actualiser pendant plusieurs mois: c'est finalement rétabli ! Veuillez nous excuser de ce silence bien involontaire et de ce désagrément.

Nous vous adressons plein d'énergie et d'enthousiasme pour la poursuite/reprise de vos activités auprès des personnes accueillies, des accueillants et assistants familiaux, ainsi que de l'ensemble des professionnels (soignants ou non) de l'Accueil Familial.

Bien amicalement.

L'équipe du GREPFA-France

Congrès Paris 2018

Actes des 13èmes Journées de Formation du GREPFA France

CLIQUER dans Actes des Congrès (à gauche ;)) sur Congrès 2018 à Paris

qui se sont tenues les Jeudi 7 et vendredi 8 juin 2018 à Paris

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Si le lien ne fonctionne pas, contactez le webmestre pour l'en informer.

Déplier Fermer  Congrès 2003 à ANNECY

6ème Congrès du GREPFA

 

 

 
 

EFFETS THERAPEUTIQUES EN A.F.T. :

PROCESSUS INSAISISSABLE ?

 

 

 

 

 

 

Annecy – Chambre des Métiers

Jeudi 15 et Vendredi 16 Mai 2003

 

Des Psychalchimistes notoires, après s’être rendus coupables d’avoir accolé sans leur consentement les deux mots « Famille » et « Thérapeutique », ont prétendu sans aucune honte, avoir découvert que les familles avaient des effets thérapeutiques sur les enfants et les adultes ayant des difficultés psychiques. Ils ont même eu l’affront d’y mettre pour condition : qu’on les laisse confier enfants et adultes aux familles spécialement recrutées à cette fin !

 

JEUDI 15 MAI 2003

 

OUVERTURE DU CONGRES

 

Dr. Madeleine BERNARD, Psychiatre responsable de l’unité d’AFT d’Annecy

 

ACTUALITE: ICI ET AILLEURS

 

 

Mme C. GROLLEAU-VALLET (Directrice des Soins Infirmiers, Ainay le Château)

De la colonie familiale à l’A.F.T. : quelles évolutions ?

 

Pascal PERROT (SISMLA , Nantes)

Le regroupement des différents A.F.T. de la région en un syndicat inter- hospitalier : quelles conséquences ?

 

Gianfranco ALUFFI (Psychologue, Turin) :

Placement familial et soins en Italie

 

Marc GODEMONT (Psychologue, Belgique) :

Evolution des familles d’accueil en Belgique

 

VENDREDI 16 MAI 2003

 

LES LEVIERS THERAPEUTIQUES

 

ATELIER N° 1 : DU COTE DES FAMILLES

 

Dr Madeleine BERNARD, Nadège DUSSART, Madeleine BIBOLLET et coll. (Annecy) : Jeux d’ombre et de lumière en A.F.T. : l’art d’être une famille.

 

Dr Patrick GALISSON et coll. (C.H. LES MURETS) : Un accueil familial social…thérapeutique ?

 

Sandrine LOEB (Lagny) : Fatima dans l’épreuve du transfert

 

ATELIER N°2 : DU COTE DES EQUIPES

 

Lionel COLLARD (Martinique) : A la recherche des limites et de l’anti-thérapeutique.

 

Dr Marie REVEILLAUD (La Roche/Yon) : L’Accueil séquentiel comme base de restauration des relations parents-enfants.

 

ATELIER N° 3 : DU COTE DES PATIENTS

 

Yvan FOSSE (Abbeville) : Faut-il préserver le lien parent/enfant ? Pourquoi cette question !

 

Dr Patrick LANGRAND (Lyon) : L’espace de l’enfant en A.F.T. Enfant

 

ATELIER N° 4 : STATUT DES FAMILLES D’ACCUEIL

 

Jacqueline DUMONTET (Oullins) : Entre indifférence et attachement…

 

Marie-Danièle FLIPO et Didier DEHEM (Bailleul) : L’accueillant(e) familial(e) partie intégrante du soin.

 

DE SOURCE SÛRE !

 

Anne ALMOSNINO, (Psychologue, MGEN)

Les groupes multifamiliaux

 

Isabelle LEBLIC (Ethnologue, Paris)

D’une famille à l’autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie

 

Alain BLANCHET (Psychologue, Paris)

Les processus thérapeutiques.

 

Dr Daniel GORANS (Nantes)

Les dernières folies du Dr Famille


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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

A. Almosnino. La thérapie multifamiliale (TMF) 

Anne ALMOSNINO  

Psychologue clinicienne, psychothérapeute familiale 

Centre de Santé Mentale MGEN, Centre de thérapie familiale MONCEAU 

La thérapie multifamiliale (TMF) 

La thérapie multifamiliale (TMF) est une méthode thérapeutique spécifique regroupant 

plusieurs familles ensemble dont un ou plusieurs membres présentent des symptômes tels que 

ceux des schizophrénies, des conduites toxicomaniaques, des troubles de la conduite 

alimentaire, des violences domestiques ou encore des dysfonctionnements graves. 

La TMF se réfère le plus souvent aux concepts fondamentaux de la théorie écosystémique. 

Cependant, dans le champ des pratiques cliniques multifamiliales, nous observons des concepts 

et des méthodes inspirés d'autres courants majeurs de la psychiatrie (modèle 

psychanalytique, modèle cognitivo-comportemental, modèle structural, modèle stratégique, 

modèle transgénérationnnel, contextuels, modèles issus de la dynamique des groupes). La 

particularité de la TMF est la rencontre d'un système familial avec d'autres systèmes 

familiaux en présence de thérapeutes. 

L'utilité de la TMF est désormais attestée par maintes expériences cliniques comparées à 

l'absence de thérapie familiale ou de thérapie familiale individuelle, et par de nombreuses 

publications scientifiques. (Salem et al., 1985 ; S, 2000)  

La TMF a inspiré d'autres contextes : sanitaire, social, éducatif et associatif. Différentes 

approches se sont développées : la Thérapie MultiFamille (TMF), le Groupe Mutifamilial 

(GMF), la Consultation MultiFamiliale (CMF), les Entretiens Multifamiliaux, la Thérapie Sociale 

MultiFamiliale (TSM) etc. 

La présentation qui suit n'est pas exhaustive de l'ensemble des pratiques expérimentées ou 

actuelles. 

1. Historique et modèles théoriques 

La thérapie multifamiliale est née dans des unités de soins fréquentées presque 

exclusivement par des patients schizophréniques. Comme les premiers psychotropes, son 

efficacité a été remarquée grâce à un concours accidentel de circonstance. Le clinicien Péter 

Laqueur a été un des pionniers de cette approche. En 1951, à l'occasion d'une recherche sur le 

coma insulinique à l'hôpital d'Etat Greedmoor du Queens à New York (Laqueur et Laburt, 

1964), il a commencé à constituer un groupe de 17 patients schizophrènes en cure d'insuline 

et de leurs familles. Il décrivait ceci : « d'un côté, les familles se fâchaient lorsque le 

médecin ne parlait qu'aux patients, trouvant qu'il les privait de la compréhension de leur 

famille ; les patients se fâchaient à leur tour lorsqu'il parlait avec les familles qui leur 

semblaient alors complices de l'autorité établie ». Laqueur a donc décidé de les réunir tous 

pour leur expliquer le déroulement du traitement Le travail s 'est développé pour aboutir à 

des rencontres hebdomadaires avec le thérapeute tentant de faire apparaître les émotions, 

de montrer les alliances intra-familiales, de souligner les dénominateurs communs entre les 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

A. Almosnino. La thérapie multifamiliale (TMF) 

diverses expériences familiales. L'efficacité de ces rencontres se fonde selon Laqueur 

(1979), sur un processus « d'apprentissage par analogie ». Simultanément, Detre et ses 

collègues de Yale ont constitué un GMF pour résoudre un conflit entre patients 

psychiatriques, leurs familles et travailleurs sociaux (Detre, Sayer, Norton et Lewis, 1961). 

Ils ont tous deux été surpris par les résultats positifs quant à l'évolution symptomatologique 

des patients, mais aussi l'évolution des familles. Leurs observations n'étaient guère 

conceptualisées au début et sans lien avec les théories systémiques sur la schizophrénie 

développées par Jackson, Ackerman, Bowen, Bateson, Wynne, Lidz, Haley. 

Plus tard dans les années 1955, au Family Center de Georgetown (Washington DC), Murray 

Bowen (1978), systémicien, et son équipe instaurent des thérapies multifamiliales et 

multiconjugales de caractère pédagogique, appliquées parallèlement à une thérapie de famille 

classique. 

Plus près de nous, en 1976, à l'Université de Temple à Philadelphie, James Framo (1979), 

s'inscrivant dans le courant intergénérationnel, crée la thérapie multiconjugale centrée sur 

les familles d'origine. Il n'hésite pas à recevoir plusieurs couples ensemble et les membres de 

leurs familles d'origine. En 1982, à Boston, Norman Paul spécialiste de l'approche systémique 

du deuil et de la psychose avait mis au point, avec l'aide d'un prêtre, des séances 

multifamiliales pour héroïnomanes qui se déroulaient dans une église, devant un cercueil vide 

destiné à recevoir la dépouille du toxicomane " promis à une mort prochaine ". 

Parallèlement, dans les années 60 le modèle psycho-éducadif prend de l'ampleur dans les pays 

anglo-saxons et en Europe. En 1962, à Londres, Brown développe l'approche de la Prise en 

charge Familiale Comportementale (PFC). Dans un premier temps, cette pratique s'adresse 

aux familles dont un des membres est schizophrène, puis s'étend à d'autres pathologies 

comme les troubles de l'humeur, les Troubles de la Conduite Alimentaire. Ces groupes 

familiaux ont pour objectif de faire diminuer le niveau d'Emotion Exprimée des familles, de 

modifier les habitudes de communication intrafamililale, de mettre en place de nouvelles 

stratégies d'adaptation et de résolution de problème. 

Repris par les recherches de Vaughn et Leff (1976), l'idée de diminuer le niveau d'Emotion 

Exprimée au sein des famille pour éviter les rechutes et les hospitalisations des patients 

schizophrènes va s'étendre à de nombreux protocoles de ce type. 

En 1980, sous l'influence des approches psychoéducatives, apparaissent des groupes 

multifamiliaux comme ceux de lan Falloon (1985), Robert Paul Liberman au Québec (1985) et 

William R. McFarlane à l'Institut Psychiatrique de l'Etat de New York (McFarlane et al., 1995 

; McFarlane, 2002). Aujourd'hui, en France, et dans les pays francophone ces pratiques se 

sont considérablement développées. 

Jorge Garcia Badaracco, dans les années 1985, à l'hôpital public de Buenos Aires, met en 

place des groupes multifamiliaux et conceptualise la psychanalyse multifamiliale. 

À la fin des années 1970 en France, dans l'élan de la psychothérapie institutionnelle, 

Woodbury tente de mettre en place des TMF dans les institutions de soins du XIIIème 

Arrondissement de Paris et Claude Leroy à l'Institut Marcel Rivière. 

Jean-Claude Benoit au C.H.S de Villejuif, en 1980 expérimente un groupe de rencontre 

multifamiliale dans un pavillon de malades mentaux chroniques qu'il définit comme des 

entretiens collectifs familio-systémiques. Il observe que ces rencontres permettent de 

faciliter un processus de déchronicisation, chacun des sous-systèmes concernés, familles, 

malades, personnels soignants acquièrant plus d'autonomie réciproque (Benoit et al., 1980). 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

A. Almosnino. La thérapie multifamiliale (TMF) 

2. Le cadre et les techniques thérapeutiques 

Les cadres et techniques thérapeutiques des TMF sont divers selon les contextes (sanitaire, 

social, associatif) et les modèles théoriques sous-jacents ces pratiques dans lesquels ils 

s'exercent. Quel que soit le champ dans lequel s'inscrivent les groupes multifamiliaux, nous 

retrouvons souvent les mêmes cadres structurel et fonctionnel, mais les objectifs sont 

différents. Ils durent environ 2 heures, au rythme d'une séance tous les quinze jours. Ils 

sont constitués de 4 à 5 familles en moyenne, et animés par deux thérapeutes en général. 

Dans le champ hospitalier se développent depuis quelques années en France, des groupes 

multifamiliaux psychoéducationnels. Les visées de ces protocoles d'intervention inspirées par 

des techniques cognitivo-comportementales, destinés aux proches des sujets schizophrènes 

essentiellement, sont les suivantes : une volonté d'écoute et de soutien, un objectif 

pédagogique d'information sur la maladie, un apprentissage systématique d'habiletés visant à 

l'obtention d'une meilleure communication intra-familiale et d'une résolution plus efficace de 

problèmes quotidiens. Nous renvoyons le lecteur au chapitre de ce livre : « l'approche 

psychoéducative de la famille » de Olivier Chambon, Guy M. Deleu et Michel Marie-Cardine. 

Depuis les années 1990, à la clinique des Maladies Mentales et de l'Encéphale (CMME) du 

Centre Hospitalier Sainte Anne, existent des groupes de familles de sujets adultes 

présentant un trouble du comportement alimentaire. Deux types de groupe sont proposés : un 

groupe fermé de cinq séances d'informations à visée psychoéducative, suivi de groupes 

ouverts d'expression centrés sur les interactions émotionnelles entre la famille et leurs 

proches. Ce dernier groupe s'inspire des techniques de résolution de problème et d'aide à la 

communication, associées à une approche analytique dans l'étude de la relation parents- 

enfants (Criquillion-Doublet et al., 2002). 

Dans le champ de la réhabilitation psychosociale, en 1996, Marc Habib en collaboration avec 

Anne Almosnino crée un groupe multifamilial pour les hôpitaux de jour parisiens de la Mutuelle 

Générale de l'Education Nationale (MGEN). Ce groupe s'inscrit dans la tradition des modèles 

écosystémiques (contextuel, structural, constructiviste, transgénérationnel). Ces praticiens 

mentionnent que l'objectif de ce type de groupe est de permettre aux familles et aux 

patients d'installer un espace de réflexion et de parole afin de trouver une orientation, une 

direction face aux solutions (sanitaires et sociales) proposées. Au travers de l'écoute des 

témoignages respectifs des familles, dans une dynamique de réflexivité, les familles peuvent 

donner un sens à la crise qu'elles traversent et réamorcer un processus temporel permettant 

d'entrevoir un projet. Ces groupes multifamiliaux proposent l'idée qu'il est nécessaire de 

passer d'une dynamique de soutien à une dynamique thérapeutique pour qu'une famille puisse 

bénéficier d'un changement singulier. Le rôle du groupe multifamilial (via le thérapeute) n'est 

donc pas celui du seul pourvoyeur d'informations, mais celui qui active la circulation de 

l'information pour que les familles puissent trouver ou retrouver elles-mêmes leurs propres 

compétences pour résoudre les problèmes qu'elles se posent. 

Les thérapeutes activent en séance les processus de métacommunication au travers des 

questions circulaires, invitant les participants à exprimer leurs émotions, leurs constructions. 

L'application du principe d'interaction circulaire entre les thérapeutes et les différents 

membres du groupe donne d'emblée une dimension thérapeutique que les techniques linéaires 

de cause à effet ne peuvent jamais permettre, plaçant le patient dans une position active 

(Almosnino et al., 1999). 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

A. Almosnino. La thérapie multifamiliale (TMF) 

En 1999, au Centre de Thérapie Familiale Monceau à Paris, Denis Vallée et Anne Almosnino 

créent une consultation multifamiliale écosystémique. Celle-ci regroupe des familles 

incomplètes, éclatées, dispersées, des parents esseulés par leurs enfants en errance 

pathologique, des pères ou des mères seuls, des familles recomposées, des frères et des 

sœurs, tous proches de personnes présentant de graves troubles psychologiques, 

psychiatriques et relationnels. Ils observent que ces consultations sont des espaces de 

réflexion pour tenter de réamorcer les propres ressources et compétences de chacun. Dans 

une dynamique conversationnelle, la CMF permet de penser à plusieurs et d'expérimenter 

d'autres patterns communicationnels interpersonnels, à travers les expériences émotionnelles 

partagées. L'originalité de leur approche s'appuie sur le fait que chaque séance est constituée 

d'un groupe plus ou moins différent dans sa composition et sa problématique. 

Aussi, la CMF peut être unique, et les thérapeutes doivent s'appuyer sur le potentiel de la 

situation pour le faire jouer en la faveur de chaque participant. 

Dans le champ de l'institution scolaire, nous pouvons citer l'expérience de la Thérapie Sociale 

Multifamiliale (TSM), élaborée par Mohammed El Farricha (2001), psychologue, systémicien, à 

Villeurbanne. En collaboration avec des co-thérapeutes, une orthophoniste et une assistante 

sociale dans le cadre du CMP, ils organisent des rencontres entre des familles et leurs 

enfants ayant des difficultés scolaires ou troubles du comportement. Ils observent que la 

TSM associe et croise deux dimensions complémentaires : psychologique et sociale, intra- 

psychique et interpersonnelle, famille et réseau social. Ils notent que la TSM permet par le 

jeu des réorganisations psychologiques et relationnelles, l'utilisation des auto-solutions 

familiales aux problèmes scolaires. 

3. Les thèmes récurrents 

Dans les approches psychoéducationnelles, le thème est imposé par les thérapeutes. Pour les 

autres approches, la dimension conversationnelle de la dynamique des groupes fait émerger 

divers thèmes. 

Les questions sur l'étiologie de la maladie et les constructions fantasmatiques ou culturelles 

qui l'accompagnent sont souvent au premier plan de ces rencontres. Les familles, les patients 

expriment, décrivent les symptômes, les circonstances d'apparition, les conséquences 

relationnelles, et s'informent des conduites à tenir. 

Souvent les familles expriment leurs difficultés à comprendre la diversité des offres de soins 

en santé mentale qui est à la fois une diversité des pratiques, des statuts des intervenants, 

des approches théoriques sous tendant la clinique. 

Un thème fréquent est le sentiment douloureux d'une culpabilisation des parents par le 

personnel soignant quant à la maladie de leur enfant. Les traitements médicamenteux et 

psychothérapiques sont souvent évoqués. Ce sujet est l'objet de représentations 

fantasmatiques très fortes et ancrées dans des croyances familiales très prégnantes. Dans le 

contexte de la TMF se révèle très rapidement que dans le rapport aux soins se jouent des 

conflits d'un tout autre ordre. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

A. Almosnino. La thérapie multifamiliale (TMF) 

4. Spécificité des mécanismes et processus de la TMF 

Garcia Badaracco (1999) décrit ces groupes comme une matrice thérapeutique qui se 

comporte comme un continent des composants les plus malades et des moments les plus 

régressifs des patients. Il observe que dans la relation transférentielle avec le patient 

psychotique la relation thérapeutique s'appauvrit. L'intérêt des T.M.F, permet de générer des 

climats psychologiques où la vie en communauté, la capacité de penser, la résolution de 

conflits, et l'apprentissage réciproque sont facilités par les processus de désidentification 

des interdépendances pathogènes. 

Marc Habib et Anne Almosnino (1999) observent les différents niveaux du système 

thérapeutique des TMF. Le niveau intra-familial est activé au travers de l'expression des 

perceptions singulières de chacun des membres d'une même famille quant aux conséquences 

personnelles de l'émergence de la maladie de leur proche. L'écoute respective à ce niveau, 

fait apparaître l'idée que la maladie de leur proche est une pathologie de la relation. Le niveau 

inter familial est révélé par les processus de réflexivité, les mécanismes d'identification 

projective, par les phénomènes comparatifs inter familiaux. Les familles se confrontent aux 

constructions des autres familles, ouvrant ainsi à des lectures nouvelles des situations 

qu'elles rencontrent. Elles échangent leurs expériences, les ressources et compétences 

qu'elles ont activées pendant les crises. Ainsi, le partage de leurs similitudes favorise 

l'émergence d'une grande cohésion dans le groupe, sortent les familles de leur isolement, 

dédramatisent les situations et réinscrivent les souffrances dans une temporalité. Le 

contexte de la TMF établit ainsi un compromis en ne permettant pas d'alliances secrètes 

puisque tous les interlocuteurs concernés sont présents. Par le jeu des comparaisons inter 

familiales émergent les comparaisons intergénérationnelles, révélant lors des recadrages 

certains mythes familiaux. 

G. Salem (2001) observe quatre leviers d'action identifiables en quatre mots-clefs: 

exposition, confrontation, légitimation, apprentissage. Le mot exposition signifie présenter en 

ordre un ensemble de faits, impliquant d'exporter la problématique et sa souffrance vers 

l'extérieur, de "l'exterritorialité" hors du champ intimiste du Moi. En TMF, l'exposition est 

encore plus accentuée, puisque l'espace où elle se produit dépasse complètement le champ 

intime du Moi ou de la famille, pour devenir un espace social, sorte d'agora dans laquelle 

plusieurs familles sont invitées à exposer leurs dilemmes devant le(s) thérapeute(s) et les 

autres familles. La confrontation signifie mettre en présence (des personnes) pour comparer 

leurs affirmations. Ce processus en TMF est plus riche, plus dense, plus complexe, du simple 

fait de la multiplication des points de vue, permettant la rencontre de différents types de 

constellations familiales, avec leurs misères, leurs ressources, leurs différences, leurs 

similitudes. La légitimation relève de la dimension éthique des relations humaines, et en 

particulier des relations familiales. Ce mécanisme est amplifié par la présence d'un jury 

exceptionnel (autres familles et thérapeutes). De ce contexte émergent des effets 

rédempteurs et libérateurs pour chaque famille. L'apprentissage relève essentiellement de la 

mimésis, autrement dit des mécanismes d'identification et de modeling activés lors de 

l'exposition, de la confrontation et de la légitimation. Chaque famille se compare aux autres 

familles non seulement dans l'identification des problèmes, mais dans la façon de les résoudre 

et d'innover leur style de solutions (problem solving). 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 6 

A. Almosnino. La thérapie multifamiliale (TMF) 

Conclusion 

Gérard Salem (1985) et son équipe de Lausanne ont relevé à partir des différentes études 

sur les effets des TMF, que la TMF permet une diminution des rechutes psychotiques, une 

amélioration du contact social, un meilleur investissement de l'activité occupationnelle, une 

atténuation des altérations cognitives, et une meilleure qualité de vie globale. 

Pourtant, remarque Marc Habib, si les différentes approches en TMF véhiculent l'idée de 

préserver et d'accroître la cohérence et la qualité des soins des malades, en lien avec leur 

environnement familial, leurs développements se révèlent paradoxalement très faibles. M. 

Habib énoncent plusieurs hypothèses : travailler en collaboration avec les familles finit par 

faire émerger les dysfonctionnements institutionnels ; confronte de façon complexe les 

loyautés invisibles du patient à l'égard des valeurs de sa famille et celles de son institution, 

et complexifie le travail dans le sens où de plus en plus les familles prennent une place " 

d'usagers " bien informés, partenaires actifs du champ de la santé. 

La TMF est proposée comme un espace entre le réseau du patient et les équipes de soins. La 

TSM est également à la charnière entre l'enfant, son réseau éducatif et familial. Nous 

pouvons entrevoir que la difficulté des pratiques de TMF ou de TSM est qu'elle ouvre aux 

pratiques de thérapies de réseau et à leurs complexités. 

Bibliographie 

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proposition de collaboration entre les familles et les institutions de soins psychiatriques. 

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ALMOSNINO A., LIBERMAN R.P., BALTA F., BANTMAN P., HABIB M, Symposium « 

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psychanalytique à structure familiale multiple, traduit par Bernard Capdeville, Paris, 

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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

A. Blanchet. L’interaction thérapeutique 

Alain BLANCHET1 

Directeur de recherche à l’Université Paris 8 

L’INTERACTION THERAPEUTIQUE 

Résumé2

Les principes qui concourent à la bonne fin des psychothérapies sont encore mal connus alors 

que les pratiques d’aide et de soutien psychologiques se sont considérablement développées au 

cours du 20ème siècle. Cette méconnaissance peut s’expliquer par l’effet croisé de deux 

facteurs : 

1) les psychothérapies n’ont nul besoin d’accéder à la connaissance des processus 

psychologiques qu’elles mettent en œuvre pour être efficaces  

2) les modèles psychothérapeutiques postulent tous qu’une instance invisible mais active 

explique l’état souffrant des patients. 

En deux mots les psychothérapies contribuent par leur technique et leur modèle à obscurcir, 

voir à cacher les structures des interactions, entre le thérapeute et le patient, qu’elles 

instaurent. Seule une analyse pragmatique de la communication thérapeutique peut révéler ces 

structures cachées et bien sûr des recherches sur les patterns temporels de ces interactions 

doivent permettre d’étayer empiriquement ces analyses discursives. 

Nous rappelons que toute psychothérapie procède de deux mécanismes fondamentaux : 

1) la fabrication d’un lien entre le patient et son thérapeute 

2) la mise en place de procédés de transmission. 

Le lien s’établit par la construction d’une relation interpersonnelle forte fondée sur la 

demande et l’espoir du patient auxquels répond l’attitude inattendue et énigmatique du 

thérapeute. La transmission s’effectue d’une manière indirecte sur la scène théâtralisée de 

l’interaction (cadre de la psychothérapie), par le développement de la conscience réflexive du 

patient. Nous développons ainsi les notions de paradoxe thérapeutique, de cadre, de relance, 

d’interprétation, d’invisible, de pouvoir et de transmission d’expertise. Nous illustrons ces 

notions et ces processus par de nombreux exemples de dialogues enregistrés lors de séances 

de psychothérapies d’obédience différentes. Nous plaidons pour que des recherches soit 

développées en France par les équipes travaillant actuellement à l’évaluation des 

psychothérapies.  

                                                

1 

 Psychologue clinicien. Équipe de Recherche en Psychologie Clinique, Université Paris 8 ; 2, rue 

de la Liberté 93526, SAINT DENIS Cedex 02 

2 

 Vous trouverez ci-après l’intégralité des transparents projetés par M. Blanchet lors de son 

intervention. Il nous signale par ailleurs la publication prochaine (courant 2004) d’un ouvrage 

développant cette communication. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

A. Blanchet. L’interaction thérapeutique 

LA PSYCHOTHÉRAPIE EST UN DISPOSITIF D’INFLUENCE 

L’évaluation des effets des psychothérapies : un super placebo ? 

Un effet expérimental faible (comparaison avec groupes contrôles) 

• Hans Eysenck dans deux études célèbres en 1952 puis en 1960 établit les résultats 

suivants : 

1. 2 patients sur 3 que l’on appelle « névrosés », montrent une rémission de leurs 

symptômes en deux ans et en l’absence de traitement. 

2. On observe une corrélation inverse entre la rémission et la psychothérapie 

Un effet clinique important (enquêtes et études de cas) avec une certaine indifférenciation 

des types de thérapies. (Lambert et Bergin, 1994) 

          Ce sont des facteurs indépendants des obédiences qui expliquent les améliorations ou 

les détériorations observées. Par exemple l’expression chaleureuse du thérapeute, le type 

d’alliance, la capacité autoréflexive du thérapeute, l’espoir de guérir du patient, etc. 

• Les psychothérapies sont-elles des pratiques sociales anciennes, traditionnelles, 

«relookées» à la mode occidentale ou bien sont-elles d’authentiques techniques 

modernes fondées sur des principes psychologiques nouveaux et explicitables ? Si 

cette dernière proposition est vraie, alors comment peut-on expliquer que les quelques 

350 types de psychothérapie recensés dans le monde proposent des théories 

psychopathologiques et des modus operandi différents voire contradictoires. 

• Question complexe a laquelle nous souhaitons donner des éléments de réponse en 

décrivant les processus thérapeutiques et en nous referant a des recherches 

diverses effectuées dans ce domaine : ethnopsychiatrie, pragmatique de la 

communication, études cliniques. 

Une psychothérapie est une conversation très spéciale 

  

Il s’agit, en effet, par ce biais de l’échange verbal, d’optimiser certains effets psychologiques 

produits spontanément dans des conversations banales.  

L’enjeu de ce type de pratique est le changement de l’état mental du patient et 

conséquemment de son ajustement au monde. 

Les formes de l’interaction sont diverses : shamanisme, guérison, divination, maraboutage, 

exorcisme, hypnose, psychothérapies (psychanalytique, émotionnelle, humaniste, corporelle, 

cognitivo-comportementale, systémique, etc.) 

Les ingrédients du système thérapeutique surdéterminent la chimie de l’interaction, ce sont : 

1.  L’usage spécifique d’un langage du thérapeute à l’égard de son patient 

2.  L’instauration d’un lien affectif entre le thérapeute et le patient  

3.  L’établissement d’une croyance (partagée) à des entités cachées 

4.  La transmission d’un pouvoir qui modifie les croyances et l’identité du patient 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

A. Blanchet. L’interaction thérapeutique 

L’interaction verbale semble banale, conversationnelle. 

En fait, les psychothérapeutes travaillent sur les matériaux discursifs du patient, ils 

commentent et indirectement ils mettent en question : ils savent 

Patient : j'ai l'impression de de vivre quelque part et en même temps j'ai l'impression que 

j'étais mort un certain temps quoi ; vous voyez c'est-à-dire 

Clinicien : Mort 

Patient : oui oui mort parce que je ne vivais pas ; ça n'était pas moi qui vivait ; je vivais à 

travers l'héroïne quoi ; ça n'était pas moi qui m'exprimait quoi. 

Clinicien : Vous dites mort ; vous ne dites pas en hibernation 

Patient : Non , je ne peux pas dire que j'étais en hibernation parce que quelque part à travers 

l'héroïne , j'ai recherché une certaine mort aussi . 

Clinicien : Vous croyez  

Patient : ben oui , quelque part , c'était je ... 

Clinicien : Vous avez pensé ça  

Patient : Ben oui c'était quelque part de l'autodestruction quoi ; au départ , c'était .... 

Clinicien: Vous pensez ça réellement 

Patient : ben oui , franchement , oui , franchement oui ; et puis bon au départ l'héroïne me 

permettait un certain bien-être , une certaine façon de m'exprimer. 

Clinicien : Alors 

Patient : Et à la suite elle me dérangeait quoi 

Clinicien : La destruction si 

Patient : oui non mais par la suite , par la suite , j'ai trouvé que l'héroïne m'amenait à la 

destruction. Je ne la supportais plus ; je la vivais mal en moi , elle me dérangeait quoi hein 

mais malheureusement j'avais besoin d'elle pour être . 

Clinicien : Pour être 

Patient : oui , pour être et en même temps je paraissais. 

 

 

Le lien  

• Il s’établit par une représentation interne de l’autre (le thérapeute ou le patient) dont 

la valeur positive ou négative peut varier en intensité. 

• Un lien positif  est décrit comme « intérêt, attachement, affiliation, parentalisation, 

transfert, idéalisation, etc. » 

• Un lien négatif est décrit comme « défense, transfert négatif, résistance, passage à 

l’acte, etc. » 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

A. Blanchet. L’interaction thérapeutique 

FABRICATION D’UN LIEN 

 

1. La fabrication et la maintenance d’un lieu de croyance, de crédibilité (voire 

de foi ou de crédulité).  

• Ce premier élément est d’ordre anthropologique et social. Il est déterminant. Il définit 

le statut social particulier du psychothérapeute ainsi que l’ordre de crédibilité des 

modèles qu’il utilise.  

• Souvent, l’usager perçoit le thérapeute comme susceptible de voir et penser ce que lui 

même (patient) ne peut ni voir ni penser.  

• Le thérapeute est donc affecté de dons surnaturels dans certaines cultures 

(divination, relation avec les ancêtres, etc.) ou de savoirs énigmatiques (en particulier 

savoirs sur les autres et sur eux-mêmes) dans des cultures plus proches. 

2. La construction d’une relation interpersonnelle forte, fondée sur la 

demande et l’espoir du patient.  

• Cette relation particulière au thérapeute s’instaure avec un phénomène que l’on a 

appelé « Alliance » ou encore « Transfert » selon le modèle thérapeutique choisi.  

• Une partie de la capacité à se penser soi-même est ainsi dérivée sur la personne du 

thérapeute. Aux yeux du patient, ces pouvoirs confèrent au thérapeute un statut 

idéalisé qui instaure un lieu d’affiliation. 

L’invisible 

 

• Les psychothérapies, traditionnelles et occidentales partagent le même modèle 

psychopathologique. 

• La souffrance psychique du sujet est la conséquence d’une conscience diminuée.  

• Cette état est attribué à la présence d’un invisible qui hante le sujet.  

• Cet invisible réduit à néant les efforts que ce dernier fait pour lutter contre ses 

symptômes 

La plupart des modèles thérapeutiques supposent tous que le « mal être » des patients peut 

être expliqué par la présence sournoise d’un « invisible ». 

Cet invisible commande « momentanément ou en permanence » une partie des pensées, 

sentiments ou comportements du patient. 

Cette croyance sera communiquée au patient qui l’intégrera comme étant vraie parce que 

cette croyance correspond à son expérience dans la thérapie. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

A. Blanchet. L’interaction thérapeutique 

Il s’agit selon les modèles et les obédiences de :  

 

 Djin 

 

  Système de communication familiale 

 

  Inconscient  

 

  Schéma dépressogène 

 

  Cuirasse corporelle 

 

  Ancêtre 

 

  Emotion réprimée 

 

  Souvenir enseveli, etc. 

La transmission 

• Elle rend compte d’un effet d’influence et de modification du patient voire du 

thérapeute.  

• Cette transmission s’effectue pour l’essentiel par  apprentissage implicite3

• « Il n’y a pas d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la 

liberté ». (J.J. Rousseau, l’Emile) 

LA PSYCHOTHÉRAPIE POURSUIT UN BUT PARADOXAL 

Le paradoxe thérapeutique 

• Les psychothérapies poursuivent un but paradoxal qui consiste à vouloir modifier la 

pensée du patient de sorte qu’il gagne en autonomie.  

• Ce faisant elles se distinguent des sectes ou des groupes d’affiliation qui au contraire 

tendent à maintenir la dépendance du patient au maître, au dogme ou au groupe 

restreint. 

• Nous pourrions résumer ce paradoxe par la formule suivante :   

 Comment aider quelqu’un à ne plus avoir besoin d’aide  ? » 

                                                

3 

 Rappelons que l’apprentissage implicite renvoie au fait que le sujet est amené à ne pas établir consciemment de liens 

entre l’apprentissage qu’il a subit et le comportement qu’il adopte dans une situation donnée. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 6 

A. Blanchet. L’interaction thérapeutique 

LES THÉRAPEUTES TRANSMETTENT UN POUVOIR AU PATIENT 

Le pouvoir transmis 

• Pour résoudre ce paradoxe thérapeutique, nul besoin de magie, la recette est connue 

depuis la nuit des temps : « Au paysan qui a faim, ne lui donne pas de riz, apprend lui à 

planter le riz ! » 

• Ainsi plutôt que de transmettre un savoir, un conseil, un contenu ou un dogme, le 

thérapeute transmet un pouvoir, c’est-à-dire une capacité à penser l’autre et donc à se 

penser. 

• Ce qui est transmis du thérapeute au patient n’est autre qu’une expertise, une façon de 

penser un ordre, c’est-à-dire une cohérence susceptible de rendre compte du monde. 

L’initiation, la conversion et le soin 

Les thérapeutes traditionnels transmettent une fonction  cosmogonique : celle de pouvoir 

incarner la pensée du groupe, des ancêtres et des esprits. Cette transmission modifie l’être 

social, elle conduit à une forme majeure d’initiation. 

Les thérapeutes religieux transmettent une capacité d’intégrer le texte religieux : celle de 

pouvoir incarner une parole sacré, d’en assurer la crédibilité, de pouvoir la déployer dans 

l’univers profane et politique. Elle conduit à une forme majeure de conversion. 

Les thérapeutes modernes transmettent une capacité de comprendre le fonctionnement de 

l’esprit : celle de rendre cohérent sa pensée avec l’expérience du monde profane. Elle conduit 

à une forme majeure d’autoréflexion. 

En conclusion 

• L’interaction thérapeutique a pris des formes qui ont évolué au cours de l’histoire, mais 

l’ancrage de la tradition reste prégnant dans les thérapies modernes. Ces thérapies 

ont substitué à la figure du sorcier ou du prêtre, la figure avenante d’un scientifique 

de l’âme. 

• Pourtant il reste de large zones d’ombre dans ces techniques et dans les théories 

censées les valider. La psychothérapie reste encore un art et non l’application d’une 

technique scientifique. 

• Pourquoi s’en plaindre ? Après tout une activité poétique vaut bien une activité 

scientifique. Mais alors, ne nions pas ses composantes initiatiques et d’affiliation 

groupale. 

• Sinon, et c’est ce que nous souhaitons pour que les techniques progressent, pour que 

les personnes en bénéficient davantage et pour que la formation ait un statut 

universitaire, développons la recherche en France sur les psychothérapies 


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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Chantal GROLLEAU-VALLET 

Direction des soins, Centre Hospitalier Spécialisé Ainay le Château 

De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Quelles évolutions ? 

Des évolutions : Il y en eut quelques-unes. En effet, nous abordons là, pratiquement, un siècle 

d’histoire. 

Tout d’abord quelques dates : 

 

 1892 : Création de la première Colonie familiale à Dun sur Auron. 

 

 1992 : Ainay le Château se lance dans la mise en application des textes 

sur l’Accueil Familial Thérapeutique. 

 

 1900 : Ainay le château, annexe de la Colonie Familiale de Dun, devient 

Colonie autonome. 

 

 2000 : Le Centre Hospitalier d’Ainay fête son centenaire. Il termine son 

premier projet d’établissement et se prépare pour l’accréditation. 

De la Colonie Familiale à l’accueil familial thérapeutique, quelles évolutions ? 

De la Colonie Familiale, institution ancienne et lourde, il aura fallu passer par la mise en 

conformité, c’est à dire, par l’application de la nouvelle réglementation, pour arriver à la 

définition d’un accueil familial thérapeutique

Mon propos s’articulera donc autour de ces  trois axes : 

 La Colonie Familiale : En parler, c’est faire un point d’histoire, situer le contexte

planter en quelque sorte le décor

 La mise en conformité : C’est raconter l’histoire d’une démarche active, programmée, 

inscrite dans un temps donné. Un scénario précis pour que soit respecter la 

réglementation. 

 L’accueil familial thérapeutique : C’est voir, comment on peut  jouer la pièce 

autrement. Et pour ce faire, redéfinir les places et rôles de chacun des acteurs.  

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

1. La colonie familiale 

C’est en 1892 que le conseil Général de la Seine, soucieux de désengorger les hôpitaux 

parisiens, demande au Dr Auguste Marie de créer à Dun sur Auron dans le département du 

Cher, la première Colonie Familiale. 

Nous ne reviendrons pas sur les débats de l’époque et les polémiques entre médecins 

aliénistes, les partisans de «l’open door» s’opposant, à ceux qui pensaient, alors, 

que « traitement et liberté » ne sauraient aller ensemble. 

Trois raisons furent mises en avant et plaidèrent en faveur du projet : 

 

 

 Raisons humanitaires : les bienfaits de la campagne opposés aux méfaits de la ville et la 

possibilité pour le malade d’y retrouver une moralité. 

 

 Raisons économiques : le placement dans les familles est un moyen beaucoup plus 

économique que le traitement à l’asile 

 

  Raisons médicales : le surpeuplement des asiles ne permet pas de soigner efficacement les 

malades curables,  

Cette idée qui a permis la création des colonies familiales, l’idée de séparation des aigus et 

des chroniques,   chroniques qui paralysent l’instrument de soin, est d’une actualité 

permanente. Pourquoi pas ! à condition que l’on continue de donner aussi des soins aux 

chroniques. Différents sans doute, mais toujours des soins

1892  donc, création de la première colonie familiale en France : Au départ les placements 

étaient concentrés sur Dun, mais très vite devant le nombre croissant de transferts venant 

de Paris on décida de créer des annexes distantes de 5 à 25 kilomètres. Ainsi Ainay le 

Château, dans le département de l’Allier, qui, ouverte en 1898 connut une extension rapide. 

En raison de son développement et de son éloignement, elle devient Colonie Familiale 

autonome en juin 1900 Le docteur LWOFF nommé médecin-directeur va procéder à la mise 

en place d’une colonie pour hommes.  Dun sur Auron recevant  uniquement des femmes.  

On note, cependant l’exception d’un pourcentage infime de patients hommes à Dun, 

travailleurs recrutés pour le jardin et les travaux de force et de femmes à Ainay pour la 

couture et le repassage. 

Les deux institutions s’étendent sur des communes avoisinantes avec cependant à 

équidistance, de l’une et de l’autre, une zone neutre, ne recevant aucun patient de l’une ou 

l’autre colonie. Comme une espèce de barrière entre les hommes d’Ainay et les femmes de 

Dun. 

Beaucoup plus sérieusement, il semblerait que ce soit les maires successifs de la commune en 

question, tous issus de la même famille, qui aient opposé leur veto, à l’installation des patients, 

ainsi qu’il leur en a été fait droit par les différents règlements intérieurs des deux colonies. 

On se rappellera qu’à cette époque le seul mode de traitement était l’enfermement

Confier des malades à des paysans berrichons ou bourbonnais, alors que n’existait aucun 

traitement médicamenteux, apparaît comme une idée  «osée»  

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Même si l’on sait qu’Auguste Marie parlait «de petits mentaux», c’est à dire de personnes 

présentant peu ou pas de troubles du comportement.  

Même si l’on sait que le premier règlement intérieur de Dun parle de «Colonies Familiales de 

vieillards de la Seine». 

Les deux colonies familiales ont le statut d’établissement public départemental. La tutelle 

appartient au Préfet de la Seine, puis au Préfet de Paris après l’éclatement du département. 

Souvent placés dans des fermes, ces malades sont bien accueillis, et fournissent, parfois, une 

main d’œuvre bon marché. On parle alors des «pensionnaires». Le travail des «nourrices» se 

limite à l’hébergement, leur tâche s’apparente à du «gardiennage», accompagné en cela par 

des «surveillants». 

La terminologie situe bien la conception du placement, à cette époque. 

Mais les colonies familiales ne se sont pas situées en dehors de l’évolution de la société en 

générale, ni de celle de la psychiatrie en particulier. 

L’avènement des psychotropes, l’apparition des psychothérapies institutionnelles ont amené 

des changements

 En terme de prise en charge, bien sûr : Médicaments, Ergothérapie, Clubs de 

patients…. 

 Mais également en terme de patients accueillis : 

 

En effet, si les transferts viennent toujours de la région parisienne, les diagnostics sont 

différents. Psychotiques, et délirants traités ont remplacé les arriérations mentales, et ces 

débilités qui se sont souvent révélées, dans le contexte d’Ainay, être des psychoses 

infantiles. 

Mais ce qu’on  retrouve pour ces malades, comme pour ceux qui les ont précédés, c’est 

l’absence de projets réels, et l’échec des institutions  qui les adressent. 

Dans les années 1970, on note encore à Ainay une capacité d’accueil de 1200 places, 

disséminées dans un rayon de 20 kilomètres. Chaque famille peut encore accueillir 4 

malades

En 1973, devenu depuis Centre Psychothérapeutique interdépartemental, Ainay se voit 

confié la responsabilité d’un tout petit secteur de l’Allier, 20 000 adultes. C’est également 

le début de la mixité dans l’établissement, tant au niveau patients qu’au niveau des personnels. 

L’intégration au dispositif sectoriel est apparue nécessaire et obligatoire pour la survie de 

l’établissement. Avec en même temps la conscience implicite que la doctrine du secteur, 

s’opposait à  la formule du placement familial,  

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

En effet, s’agissant de soigner le patient dans son milieu d’origine ou à défaut dans des lieux 

proches : 

 

La contradiction, secteur / placement familial, pour des malades de la région parisienne,  

est manifeste.  

A Dun, comme à Ainay ces ex-colonies familiales, le placement et sa valeur thérapeutique, 

est au cœur des débats et des polémiques

 Opposé de façon antinomique au secteur, il divise les fermement «pour» et les 

farouchement «contre». 

Il fait réfléchir ceux, qui moins manichéens, le pensent en termes : 

 

 

  d’indications thérapeutiques précises, 

 

  de suivi, 

 

  d’encadrement suffisant, 

 

  d’évaluation permanente, 

 

Bref, en terme d’un système à revoir. 

 

L’expérience du placement familial à grande échelle, telle que réalisée à Dun et Ainay est 

demeurée unique en France. 

Il faudra attendre les années 1970 /1980 pour voir ressurgir un nouvel intérêt pour le 

placement familial.  

En 1985, selon des études réalisées alors, 28 structures en France, l’organisent. En 

opposition aux «colonies familiales» toujours évoquées de façons négatives, comme exemple 

à contrario. Les critiques venant d’ailleurs, parfois, de ceux-là même, qui ont adressé leurs 

échecs …… à Dun et à Ainay…..  

Il s’inscrit alors dans le cadre du secteur et est présenté, comme une alternative à 

l’hospitalisation. 

 

L’absence de cadre légal a amené des pratiques très différentes, chacun de son coté 

essayant de «bricoler» ses solutions et de faire au mieux. 

La nécessité de textes réglementaires s’impose. 

Les deux colonies familiales, devenues depuis Centres Hospitaliers Spécialisés, avec leurs 

dispositifs importants de placements familiaux. Placements familiaux sans existence 

statutaire définie, sans réelle référence réglementaire, les attendent et les appréhendent. 

 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Depuis plusieurs  années se  mènent à Ainay, réflexions et débats, discussions entre 

personnels, familles d’accueil, élus. En 1985, on  a limité à 3 patients l’accueil par famille.  

Cela facilitera la tâche pour le passage en chambre individuelle. 

 

Chez le voisin Dunois, par contre, en 1992, on trouve toujours, une majorité d’accueil à 4 

patients  ( deux chambres à deux lits). 

 

La loi du 10 juillet 1989, puis la publication de l’arrêté du 1er octobre 1990, les notes qui 

suivirent, fournissent des outils juridiques. Ils mettent fin à une longue période d’absence de 

cadre légal, dont ont souffert les deux institutions. 

Mais, même, s’il est clair que ces textes ne sont pas conçus pour elles, 

Il va pourtant falloir, aux deux « Colonies Familiales », s’y conformer, afin de pouvoir, 

légalement, continuer d’exister. 

2. La mise en conformite 

Dès leurs publications, Ainay, qui les attend, confronte sa réalité institutionnelle aux 

exigences des textes. Mais c’est janvier 1992 qui voit, se formaliser la volonté très 

affirmée de mise aux normes. 

De février en avril, le nouveau directeur, accompagné des soignants référents, effectue une 

visite systématique de tous les placements. 

Le bilan de ces visites, repris avec l’ensemble de l’équipe soignante, permet de déterminer le 

devenir de chaque placement : 

Ainsi des 911 lits visités : 

  55 reçoivent d’emblée l’agrément. Ils présentent les conditions de confort requises, 

sont en chambre individuelle. La prise en charge est valable, La responsable n’exerce pas 

d’autre activité salariée. 

  Ceux pour lesquels des modifications sont nécessaires et possibles, c’est à dire 211, 

reçoivent un agrément provisoire. Les responsables signent un contrat qui leur donne 

accès au nouveau statut et prennent l’engagement d’effectuer des améliorations. Ces 

prescriptions modificatives peuvent concerner les locaux, les conditions d’hébergement ou 

la prise en charge. 

  95 lits présentent des situations criantes d’inconfort et de prise en charge 

défectueuse et sont fermés d’urgence. 

  Les autres lits sont maintenus en fonctionnement pour une période limitée à deux 

ans. Les familles gardent l’ancien statut. Si cependant, elles souhaitent l’intégration dans 

le dispositif réglementaire, elles passent par la nouvelle procédure de recrutement mise 

en place. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 6 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

La campagne d’agrément commencée en août 1992 a duré 3 ans. La capacité en accueil familial 

est passée de 911 lits au départ, à 540 en 1997. Et pour 40% d’entres elles, ces places sont 

offertes par des familles d’accueil nouvellement recrutées

S’appuyant sur les textes, Ainay le Château, conduit donc sa politique de changement

 Auprès des unités d’accueil, en diminuant la capacité, en améliorant la qualité, tant 

au niveau matériel qu’au niveau relationnel. 

 Auprès des patients

  en menant avec ceux qui peuvent en bénéficier, des projets  individuels de 

sorties,             

  en accueillant de nouveaux patients

                                  *que porteurs de projets thérapeutiques. 

                                                       *et pour des durées de séjours déterminées. 

Au-delà d’une sélection plus rigoureuse, «la requalification» des familles d’accueil passe 

également par une formation . Celle-ci fait intervenir des personnels soignants et 

administratifs de l’établissement et deux organismes spécialisés. Sont abordés : Législation 

et droit du travail, connaissance de l’institution, économie sociale et familiale. 

Mais surtout la formation aborde les notions de projet thérapeutique. Elle définit la 

collaboration équipe, famille, et situe la démarche d’accueil des patients dans un processus 

évolutif d’accompagnement et d’autonomisation

 Elle s’applique à faire comprendre qu’il faut donner une certaine dimension affective et 

sécurisante aux relations, tout en admettant que si elles font progresser l’accueilli, il partira 

vers une autre structure. 

 

La formation mise en place en janvier 1993, se déroule par petits groupes de douze personnes, 

mélangeant les  anciennes et  nouvelles recrues. Par demi-journées, elle dure six semaines. 

Elle est un temps d’expression. Elle s’est complétée depuis  par des groupes d’échanges, à 

thème, ou  sur la pratique, animés par les soignants. 

L’ouverture d’unités d’accueil dans les villes et les bourgs a été privilégiée, l’espace 

géographique d’implantation étenduLes Unités se repartissent actuellement dans un rayon 

de 30 à 40 kilomètres, sur les départements de l’Allier et du Cher. 

L’éloignement des structures pré-établies à l’usage des patients : Cafétérias, annexes, 

ateliers  . Cette distance mise avec l’institution, l’absence de concentration, demandent et 

favorisent une plus grande prise en charge par les  familles, et par là même, une meilleure 

intégration des patients . 

Bien entendu, le profil des familles d’accueil évolue. Le nouveau recrutement voit arriver des 

femmes plus jeunes, ayant souvent une expérience professionnelle. Elles considèrent l’accueil 

des patients comme un réel travail et non plus comme un simple appoint financier. Des 

hommes également en «recherche d’emploi», s’avèrent de bons accueillants. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 7 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Dans cette démarche de mise en conformité, les personnels se sont sentis partie prenante

Des groupes de réflexion ont été constitués, le travail de deux de ces groupes a débouché, 

  pour l’un , sur un document de liaison : Familles d’accueil / équipe soignante; 

  pour l’autre, sur une réflexion élaborée dont a pu largement s’inspirer le programme 

de formation évoqué ci-dessus. 

C’est dans ce climat d’effervescence que commence le travail d’élaboration du projet 

d’établissement. Pris entre le désir d’évolution, et la peur du changement, les agents 

expriment des craintes : 

 Craintes de ne pouvoir bouger un dispositif aussi lourd . 

 Craintes, devant la nécessaire diminution du nombre de places en accueil . 

 Craintes de voir avec ces places, disparaître des postes. 

Des réticences aussi, plus ou moins clairement exprimées, par rapport aux projets de sorties 

de certains patients. Le propos des soignants rejoignant alors celui des familles d’accueil : « il 

est là depuis si longtemps, il ne pose pas de problème, il est bien …… ». 

Mais la «machine à avancer» est en route, et les plus réservés sont entraînés par les plus 

motivés. 

3. L’accueil familial thérapeutique 

 

 

Quand il faut passer de la mise en conformité du dispositif d’accueil familial à son adaptation 

à des modes de prises en charge nouveaux, les personnels s’engagent avec le médecin 

responsable dans un travail de recherche, de réflexions   : 

 Ainay a un rôle à jouer pour les patients qui ne sont pas de son 

secteur, 

 Mais ce rôle ne peut pas être celui que le système  psychiatrique  lui 

a fait jouer. 

 Ce rôle qu’il a accepté de jouer pendant trop longtemps.  

Eliminer les mauvaises raisons de venir à Ainay, en trouver des bonnes. 

Sont définies alors, les modalités de l’Accueil Familial Thérapeutique Temporaire. L’intitulé 

est essentiel, il dit en clair : Ainay ne prend pas vos malades de façon définitive. Il ne vous 

libère plus de vos échecs ! 

En fait la contradiction entre Accueil à Ainay et secteur, n’est peut-être pas si évidente. 

Entre une nécessaire proximité souvent, et un indispensable recul, parfois. Tout est 

affaire de distance, d’appréciation de la bonne distance. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 8 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Plusieurs raisons, en effet, peuvent justifier l’éloignement d’un patient de son secteur 

d’origine : 

 Ce secteur n’offre pas la structure, le mode de prise en charge qui répond aux besoins 

du patient. 

 Il faut rompre provisoirement ou définitivement avec un milieu qui s’avère pathogène; 

 La proximité du lieu d’émergence de la maladie rend certaines difficultés 

insurmontables.. 

L’accueil d’Ainay se situe donc à ce niveau. Sa structure se présente en quelque sorte comme 

un prestataire de services pour d’autres institutions. Il offre une parenthèse dans la 

trajectoire du patient, une prise en charge spécifique et définie pour un temps précis. 

La durée de l’accueil, six mois à un an, posée à l’avance avec l’équipe d’origine, est proposée 

pour  des objectifs précis  :  Ce peut être : 

 Evaluation : par la mise en situation du patient, cet accueil permet de recueillir des 

éléments pour l’élaboration d’un projet. L’évaluation porte sur le degré d’autonomie, les 

possibilités d’insertion sociale, les capacités d’intégration dans un réseau affectif de type 

familial. 

 Stimulation : L’accueil est alors associé à une prise en charge stimulante, de type 

ergothérapique qui impose des éléments contraignants de réalité dans un but structurant. 

Cela a pu être également : 

 Rupture : un séjour de 15 jours minimum, pouvant se répéter, permet de faire la 

coupure avec un milieu habituel, soit qu’il soit provisoirement défavorable au patient, soit 

que ce lieu ait besoin d’un relais.  

Ainsi, dès lors qu’il y a un projet pour le patient, que l’accueil le relaie un temps donné. Il n’y a 

pas rupture avec le secteur d’origine.  Le lien avec la famille, quand, il existe, et n’est pas 

pathogène, est maintenu. 

L’A.F.T d’Ainay se trouve inclus dans un réseau de soins coordonnés. 

Il ne se situe pas en opposition avec l’Accueil Familial de proximité, mais comme une autre 

possibilité, un outil de soins supplémentaire, complémentaire. 

 

Les changements ont amené une nouvelle organisation. S’impose une nouvelle définition des 

places et rôles de chacun. 

La fonction d’hébergement que se contentaient d’exercer auparavant les familles d’accueil 

est dépassée. Elles réalisent dorénavant un accueil et un accompagnement des patients. 

Leur action se situe sur le plan des actes de la vie quotidienne. Elles participent ainsi à la 

mise en œuvre du projet thérapeutique et prennent de plus en plus en charge, ces tâches  

dites «  matérielles ». Tâches dénoncées précédemment par les infirmiers, comme n’étant pas 

de leur fonction. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 9 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Certains infirmiers, auraient, effectivement, souhaité voir lister les tâches relevant du rôle 

des familles d’accueil et celles leur revenant. 

 D’autre parfois, les mêmes, après s’être plaints de voir leur temps «mangé» par des tâches 

jugées annexes, appréhendaient en les perdant, de se retrouver dans une fonction soignante 

libérée, mais non organisée. 

Le positionnement par rapport au patient est essentiel: quitter les « rôles » infirmier ou 

famille pour se demander ensemble ce qui est préférable pour le patient. 

Ce patient, pas un autre et, ce patient dans ce temps précis.  

Pas de règle de répartition donc, mais un questionnement systématique. 

Accompagner un patient pour un achat de vêtement n’est pas  en soi,  du domaine infirmier, ni 

du domaine famille d’accueil. C’est le patient, son autonomie, ses besoins propres, ses 

difficultés, son degré d’évolution au moment donné qui détermine. 

Ce nouvel accueil familial voit arriver des patients présentant des pathologies plus actives et 

demandant des prises en charge plus élaborées. Venant des départements proches, ils sont 

prioritaires, ou de la région Ile de France, c’est chaque année depuis 1995, entre 20  et 50 

patients qui ont été accueillis à ce titre. 

Chaque admission répond à un protocole défini, comprenant, notamment,  une consultation 

préalable, avec rencontre des équipes 

 

Dans l’accueil familial thérapeutique, la partition se joue toujours à trois. Chaque acteur 

jouant un rôle qui lui est propre : 

 Le patient avec son histoire, son vécu familial, sa pathologie. Mais également ses 

attentes, ses projets. 

 La famille d’accueil, dans sa composition, son environnement social, géographique, sa 

manière d’être. 

 L’équipe soignante avec derrière elle l’institution hospitalière, sa culture, son projet. 

Equipe dont le maillon avancé est l’infirmier. 

Différents types de  relation vont s’établir :  

 

 Entre le patient et l’équipe, relation de soignant à soigné dans le cadre d’une prise en 

charge thérapeutique. Relation d’aide et de soutien, d’encadrement d’activités spécifiques. 

 Entre le patient et la famille d’accueil, relation structurante qui s’établit au 

quotidien en utilisant l’entourage et le milieu. 

 Entre l’équipe et la famille d’accueil. Relation, par et pour le patient. Relation qui 

tourne autour de lui dans l’échange d’informations, d’impressions, de ressentis. Relation 

d’aide, d’explication, de soutien. 

Dans cette relation triangulaire, un certain nombre de choses peuvent être programmées, 

organisées dans le cadre  du projet thérapeutique. 

Des fonctionnements pressentis, envisagés. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 10 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Mais une part échappe toujours à l’équipe de ce qui va se jouer entre le patient et la famille 

d’accueil : 

 

 De ce qui va se jouer pour le patient. 

 

 De ce qui va se jouer pour la famille d’accueil. 

 

  

Certains éléments parfois pourront être «récupérés», «réinjectés». 

L’équipe, cependant, pour jouer le jeu de l’accueil familial thérapeutique doit accepter de se 

départir d’un certain savoir. 

Tout en accompagnant, elle doit accepter qu’un certain nombre de choses se passent : 

Qui la dépassent. 

 

 

 

 

 

Ce qui est thérapeutique dans l’accueil familial, ce n’est ni la famille, ni l’équipe, mais 

l’ensemble constitué avec le patient. 

Ainay le Château possédait les éléments mais semblait ne pouvoir réaliser la synergie. 

 

De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique, il aura fallu passer par la mise 

en conformité. 

Cet apport de la réglementation fut essentiel. Il permit d’opposer, et parfois imposer des 

références à un système particulièrement lourd. 

Cependant les textes à eux seul n’auraient pu suffire, s’il n’y avait eu un désir et une volonté 

convergente à l’intérieur de l’institution, des différents acteurs : Médecins, administratifs, 

personnels. 

Sur des bases clarifiées, le Centre Hospitalier d’Ainay continue de mettre en œuvre une 

réelle politique de soins. Il sait qu’au-delà de l’accès à la légalité que lui a conféré le respect 

des textes, sa légitimité repose sur la place qui doit lui être reconnue dans le dispositif de 

Santé Mentale en raison des prises en charge originales et de qualité qu’il peut offrir. 

 

Je vous remercie. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 11 

C. Grolleau-Vallet. De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique 

Les difficultés à envisager seul les actes  

nécessaires à la survie sociale, 

L’inhibition, la  passivité, le  ressenti d’incohérence 

rendent les initiatives rares et  

les apports sociaux difficiles 

      

PATIENT 

Son histoire, son itinéraire 

Son passé institutionnel 

La pathologie 

Les troubles 

C.H.S. AINAY le CHATEAU 

Le soin, la prise 

 en charge  

thérapeutique  

réduit les symptômes. 

RELATION 

THERAPEUTIQUE 

EQUIPE SOIGNANTE 

Equipe au sens lar 

FAMILLE D’ACCUEIL 

Actions simultanées et 

coordonnées 

      Evolution avec des prédominances à   

un moment donné de l’un ou de  l’autre 

Travail 

clinique 

adapté à 

chaque patient 

  Accompagnement attentif  

   composante sociale de 

  la prise en charge 

   Vers un mode de vie à la 

              mesure des possibilités 

              évolutives 

   Aide à être moins passif   

   Moins dépendant 

   Conserver ou retrouver un 

   potentiel d’autonomie

                de vie sociale 

RELATION 

STRUCTURANTE 

REHABILITANTE 

La réadaptation, la réhabilitation 

améliore les capacités du patient 

dans les actes et les gestes de la 

 vie quotidienne .  

La seule approche clinique est impuissante à aborder les questions matérielles et à fournir l’étayage qui 

permette de progresser vers une dépendance moindre. 

A l’inverse se préoccuper seulement d’accompagnement social en négligeant la pathologie peut conduire à 

une chronicisation en accueil familial. 

ACTIONS ET RELATIONS EN ACCUEIL FAMILIAL THERAPEUTIQUE 

La conjugaison des deux est essentielle. 


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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

Gianfranco ALUFFI 

Psychologue clinicien 

Coordinateur du service d’AFT du DSM 5 b ASL 5 Région Piémont 

Université de Turin 

 

Placement familial et soins en Italie 

La loi 180 du 1978, a sanctionné la clôture des hôpitaux psychiatriques en Italie et la 

naissance renforcée des agences territoriales d’une psychiatrie du territoire. 

Le Département de Santé Mentale Universitaire 5 B – Hôpital San Luigi Gonzaga/ ASL 5 de 

Collegno ( Région Piémont), a réalisé le franchissement et la fermeture définitive de l’Hôpital 

“ La Certosa de Collegno”, considéré l’un des plus grands hôpitaux psychiatriques d’Italie et 

probablement d’Europe.  

Aujourd’hui, après des années d’expérimentation et attentive vérification, le DSM 5B peut 

compter sur un réseau complet de services et d’offres résidentielles alternatives aux 

résidences hospitalières, parmi lesquels on signale le Service IESA pour l’Accueil Familial 

Thérapeutique.  

1. Un peu d’histoire 

Après la loi du 14-02-1904 sur les asiles et les aliénés qui mentionnait la possibilité de “soin 

dans une maison privée”, c’est le décret n. 615 de 1909 qui réglementa ce qui, pour la 

psychiatrie italienne de l’époque, sur la vague d’enthousiasme suscitée par les expériences 

belges, françaises, écossaises et allemandes, représenta un pari intéressant: l’accueil familial 

thérapeutique d’adultes. L’exigence de fonder un tel service avait pour origine la situation 

extrême dans la quelle se trouvaient les asiles italiens, réduits à des récipients prêts à 

éclater en raison de la surpopulation. De plus, les coûts de gestion des établissements 

représentaient pour les provinces une charge excessive souvent insoutenable. 

Serafino Biffi, pionnier du “patronage hétérofamilial”en Italie, le désignait en 1854 comme 

adapte pour les aliénés qui ne pouvaient pas jouir des “habitudes monotones” caractérisant les 

journées des reclus dans les asiles. Impressionné par une visite à  Geel, Biffi y voyait un lieu 

où pouvait être mise efficacement en place la “vraie cure morale” qui consistait à “tolérer 

avec patience l’agitation du maniaque, et a éduquer avec amour le pauvre idiot, en entourant 

tous les malades de calme et d’affectueux ménagements, en leur montrant des exemples 

d’ordre et de diligence, en leur assurant une tutelle paternelle, sachant se taire à temps et à 

temps s’adressant à leur coeur, parfois en les distrayant ou alors en les laissant en paix 

éclater de chagrin”.  

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

Il souligna qu’une visite à Geel “aurait modifié grandement l’opinion des gens qui croyaient qu’il 

n’y avait rien de mieux à offrir à un fou que l’asile”, et que, si les progrès scientifiques avaient 

élevé les aliénés à la dignité d’infirmes, la colonie belge lui semblait destinée, avec les 

réformes adéquates, à les rapprocher des conditions sociales ordinaires.  

En 1878, le professeur Verga, même s’il pensait que le meilleur soin relevait d’un asile bien 

organisé, voyait des bénéfices possibles à confier certains malades à la garde de familles. Le 

modèle d’accueil familial qu’il soutenait, et qu’il exhortait ses collègues à appliquer comme 

élargissement du système asilaire, s’inspirait de Geel, avec de légères modifications. 

Le ferrarrais Cappelletti soutenait un modèle proche du système écossais, appliqué à cette 

époque en Allemagne à Dalldorf et à Herzberg, sur les bases suivantes: 

ne pas confier les malades traversant une phase aiguë (“…l’avantage de la liberté en 

famille sera bien plus profitable si le malade a déjà senti le malaise de l’internement dans 

l’asile”); 

les colonies comme Geel sont trop éloignées du lieu de provenance. Il faut de petites 

colonies à proximité des asiles, alimentées seulement par les malades déplacés par chaque 

institution”. Selon lui, les critiques au traitement en famille étaient émises par des 

médecins travaillant dans les asiles publics ou privés, au nom de leur intérêt et de leur 

éducation. 

Giulio Cesare Ferrari, directeur de l’asile d’Imola et pionnier de la psychologie italienne, 

soutenait le patronage hétérofamilial car “l’aliéné doit retourner à la famille pour reconquérir 

la dignité de l’Homme” puisque “bien que modérée, la limitation de la liberté n’en reste pas 

moins une limitation du Moi conscient, qui en a toujours à souffrir”. Fin 1800, son attitude 

peut être considérée comme révolutionnaire. In effet, il écrivit que “l’existence des asiles 

détermina fatalement l’idée de la dangerosité des aliénés”, et que “on arriva très tôt à 

l’impossibilité de séparer l’idée de l’aliéné de l’idée de l’asile”, provoquant l’abondance 

excessive d’asiles dont “l’existence réclame les malades qui, autrement, pourraient être 

tolérés libres”. 

S’inspirant du modèle français (Dun-sur-Auron, Ainay-le-Château), il proposait les régions 

abandonnées pour l’installation des futures colonies. Des couples d’infirmiers expressément 

envoyés sur place étaient engagés pour l’assistance aux malades, et la colonie devait se 

détacher, sur le plan sanitaire et administratif, de l’asile qui l’avait engendrée. 

Contrairement aux pratiques de Geel, il excluait les paralytiques, “sales”, impotents, 

alcooliques, impulsifs, agités, mélancoliques. Quant aux autres pathologies, il ne se basait pas 

sur le contenu des délires mais sur le comportement du malade face à ceux-ci. Enfin, il situait 

la limite de développement d’une colonie à 400 accueils familiaux. 

Bien que le débat portait sur l’assistance familiale appelée “patronage hétérofamilial” et ses 

différents modèles, en Italie, la pratique la plus répandue était la “garde privée 

homofamiliale”. Presque à l’unisson, les spécialistes se rangèrent contre cette forme de 

résidence pour les malades pour les raisons suivantes: 

la famille n’a pas l’autorité sur le malade pour le contenir et lui donner une discipline; 

les familles biologiques ne sont pas sélectionnées; 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

les familles concernées étant pauvres, le subside versé pour l’assistance constitue leur 

seule source de gain. Le “monnayage” de la pathologie peut indirectement provoquer la 

chronicisation du trouble en transformant les disgrâces en ressource économique. De son 

côté, la famille d’accueil peut toujours compter, à la fin d’un accueil, sur l’arrivée d’un 

nouvel hôte. 

Le professeur Augusto Tamburini, directeur de l’asile de Reggio d’Emilie, père du patronage 

hétérofamilial italien, définit la garde privée homofamiliale comme un système utile seulement 

à de “déplorables spéculations”. Au contraire, il plaida la cause de l’accueil familial 

thérapeutique, proposa une loi destinée à sa réglementation, engagea et conduisit le service le 

plus structuré et le plus durable de Patronage Hétérofamilial d’Italie: celui de Reggio d’Emilie. 

2. La diffusion d’antan 

Selon les sources ministérielles, le tableau suivant (nombre d’aliénés assistés en famille) 

montre le degré du développement de l’accueil familial (homo/hétéro) en Italie, à l’époque. 

Ville 1898 

homo+hétéro 

familial 

1902 

homofamilial 

1902 

hétérofamilial 

1902 

total 

Florence 450 800 150 950 

Reggio d’Emilie 57 48 150 68 

Modène     

Lucques 92 140 31 171 

Arezzo 50 65 - 65 

Pérouse 102 107 12 119 

Pise 50 55 - 55 

Ancône 28 35 21 56 

Pesaro 14 30 - 30 

Ascoli-Fermo 4 4 1 5 

Milan-Mombello 5 2 - 2 

Bergamo 38 36 - 36 

Cremone 41 1 - 1 

Naples - 50 - 50 

Forli 1 15 - 15 

Gênes - 2 - 2 

Turin - 5 - 5 

Sienne 80 47 33 80 

Total partiel 1012 1142 268 1710 

     

Aversa-Caserta 56 - - 56? 

Autres provinces 349 - - 349? 

Total 1417 - - 2115? 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

En 1898, il y avait en Italie 1417 patients en famille, c’est à dire 4% des aliénés recensés. La 

plupart résidait donc chez leur propre famille dans le cadre de la garde privée homofamiliale. 

Les familles qui voulaient recevoir le subside pour la garde de leurs malades effectuaient une 

demande accompagnée de certificats médicaux à la direction de l’asile qui favorisait ou non 

l’assistance à domicile et la contribution économique de la Province. Dans la plupart des cas, 

l’asile ne s’occupait plus du malade, tandis que la Province continuait à supporter la charge 

financière. A Reggio d’Emilie, ce système comptait sur une surveillance par les institutions.  

Même le système de garde privée hétérofamiliale qui, à Florence en 1902, comptait 150 

accueils réussis, n’était pas réglé par des normes précises. Mis à part le fait qu’il s’agissait 

d’une famille différente de la famille d’origine, le fonctionnement était le même que dans la 

version homofamiliale. Ce type d’expériences existait aussi à Ancône et à Pérouse.  

La littérature désigne le modèle de Reggio d’Emilie comme le système de patronage 

hétérofamilial le plus fonctionnel et le plus efficace: 

les accueillants recevaient un infirmier de l’asile pour garantir une expérience dans la 

relation avec les gens atteints de troubles mentaux. Ce système est qualifié de semi- 

professionnel; 

le domicile des familles devait être à proximité de l’asile, pour faciliter les visites à 

domicile du personnel et favoriser la surveillance; 

avant de placer un malade, on vérifiait les conditions d’hygiène de l’habitation; 

des normes de logement, de couvert, de traitement moral et physique du patient 

étaient imposées. Le chef de famille signait une déclaration de prise de responsabilité. 

Chez chaque famille, un registre mentionnait les frais engagés pour l’hôte et les contrôles 

à domicile réalisés; 

la famille recevait un trousseau, au besoin, un lit et du linge, logeait au plus deux 

patients; 

la somme journalière affectée par les provinces à l’asile, et attribuée par celui-ci à la 

famille, était de 1,25 lire en 1902 (presque le double de celle accordée pour la garde 

domestique); 

les patients accueillis dans les familles pouvaient compter sur une vigilance médicale 

assidue, et étaient invités à participer aux activités récréatives de l’asile (fêtes, 

spectacles…). 

Les premiers bénéficiaires étaient des femmes chroniques, tranquilles et propres, d’âge mûr. 

Puis, le système a été étendu aux hommes et à d’autres pathologies.  

Les malades étaient satisfaits. Entre eux et les familles s’établissaient de bonnes relations 

affectives; ils se sentaient utiles puisqu’ils collaboraient aux travaux et recevaient une 

rétribution.  

Pour Tamburini, les postulats de travail étaient une attention maximale dans la sélection des 

patients et des familles, une surveillance étroite par le personnel de l’asile, un règlement 

précis et détaillé. Il avait pensé appeler le système de Reggio d’Emile: Système Village Extra 

Asilaire ou Extension Coloniale de l’Asile. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

En quatre ans, le service est parvenu à 33 accueils. Six ont abouti au retour chez eux des 

patients améliorés considérablement; six  à l’internement dans un asile. Fin 1917, il atteignait 

le chiffre considérable de 90 hôtes (71 femmes et 19 hommes). En 1929, il était encore 

considéré comme une solution d’hébergement pour des “déplacés” tranquilles et inoffensifs. Il 

s’est éteint début 1970 pour des raisons liées au bouleversement social de la seconde moitié 

du siècle (clivage de la culture paysanne, forte urbanisation, évolution de l’institution 

familiale).  

L’expérience de Lucques, pilotée par le docteur Cristiani, présentait beaucoup d’analogies avec 

celle de Reggio, et dans les trois premières années, elle totalisa 31 accueils. Se posèrent alors 

des problèmes avec l’Oeuvre Pieuse qui gérait l’asile car, à mesure que les déplacements 

augmentaient, elle voyait diminuer le nombre des pensions sur lesquelles elle pouvait compter. 

Le modèle d’Imola, mise en oeuvre par Ferrari, utilisait le patronage hétérofamilial, non pour 

évacuer les asiles, mais comme instrument de soin et de réhabilitation du patient. 

Généralement, un membre de la famille devait être infirmier professionnel. 

Par contre, à Nocera, selon le docteur Ventra, l’expérience se révéla ruineuse puisque les 

familles, en l’absence de contrôle, abandonnaient le fou et encaissaient seulement le subside. 

3. La situation actuelle 

Actuellement, l’accueil familial pour des personnes suivies par les services psychiatriques 

existe dans des situations particulières, rares, de manière éparse sur le territoire, non 

quantifiées, souvent improvisées et non référées à un modèle spécifique. 

Dans ces dernières années, comme on peut le voir sur les tableaux, les services qui travaillent 

selon cette modalité se sont multipliés en passant de 11 du 1999 aux 24 du fin 2002. Les 

raisons de cette expansion nous parlent d’un travaille minutieux de divulgation et de 

formation mené par le service IESA en Italie et couronné par la réalisation de deux congrès 

nationaux (Turin - Lucques), non seulement d’un livre mais de beaucoup de publications.  

Situation 1999 

Asl 5 Dsm 5b Collegno Piemonte 

Asl 8 Chieri Piemonte 

Asl est Brunico Trentino Alto Adige 

Asl 2 Lucca Toscana 

Asl 5 Jesi Marche 

Asl 9 Trapani Sicilia 

Asl 1 Sassari Sardegna 

Asl 3 Nuoro Sardegna 

Asl 4 Nouro Sardegna 

Asl 6 Cagliari Sardegna 

Asl 8 Cagliari Sardegna 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 6 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

Situation 2002 

De 1999 à 2002 les services suivants vont s’ajouter aux précédents. 

Dsm 5a Asl 5 Rivoli Piemonte 

Dsm Asl 7 Settimo Piemonte 

Dsm Asl 10 Pinerolo Piemonte 

Dsm Asl 19 Asti Piemonte – priv. Soc. 

Dsm Asl 10 Firenze Toscana 

Dsm Asl Pisa Toscana 

Asl Livorno Toscana 

Asl 20 Verona Veneto 

Asl 29 Monza Lombardia 

Asl 33 Rho Lombardia 

Asl 9 Treviso Veneto 

Asl Parma Emilia Romagna 

Asl Ravenna Emilia Romagna 

4. Qu’est ce que c’est le IESA? 

Par IESA, il faut entendre « insertion en accueil familial pour adultes souffrant de troubles 

psychiques », à savoir l’intégration d’une personne suivie par un service psychiatrique dans une 

famille volontaire, sélectionnée et formée sur un plan plus pratique que théorique. 

La cohabitation qui se crée ainsi pourra compter, pendant toute sa durée, sur le soutien des 

acteurs du IESA. 

Le milieu d’accueil peut être composé d’un seul membre; l’essentiel étant que l’accueillant 

dispose d’un espace suffisant, occupe un rôle clair pour remplir ses fonctions envers l’accueilli, 

ceci avec le soutien de l’équipe. 

L’objectif du IESA est de restituer à la société ces personnes qui, par une mésaventure 

clinico-existentielle, se sont trouvées en grande souffrance, souvent dans des conditions de 

solitude intense ou dans des contextes d’enfermement inadéquats et aliénants. 

L’insertion en famille d’accueil peut être répartie en trois catégories : à court, à moyen et à 

long terme. 

 

À court terme, l’intervention est focalisée sur la période de crise qui touche le patient ou son 

environnement habituel. La durée de placement varie de quelques jours à un ou deux mois 

selon qu’il s’agit de faire face à une phase aigu symptomatologique ou à un simple besoin de 

décontextualisation. Parfois, des personnes sont hospitalisées en psychiatrie alors que leur 

état ne présente pas de caractéristiques propres à justifier une telle orientation. Le motif du 

recours à l’hospitalisation relève objectivement de la faiblesse ou même de la crise du 

système dans lequel vit le patient, laquelle se répercute ponctuellement sur le plus fragile, 

autrement dit le bouc émissaire. Actuellement, très peu d’expériences d’accueil familial à 

court terme sont opérantes. Les plus significatives sont le « Crisis Home Programm » du 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 7 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

comté de Dane aux Etats-Unis créé en 1987, et les « Crisis Farm » éparpillées sur le 

territoire piémontais et gérées par la coopérative sociale « Alice nello specchio » de Turin et 

il y a quelques mois j’ai connu la situation de Lille. Depuis quelques mois, en collaboration avec 

l’Université de Turin et la coopérative sociale « Progest », nous travaillons aussi à un projet 

d’accueil familial à court terme et à temps partiel qui viendrait compléter l’accueil familial à 

moyen et à long terme existent depuis 1999. 

La particularité de ce type d’interventions réside dans le processus de décontextualisation 

environnementale souvent très utile pour surmonter les moments difficiles. Réaliser le 

placement dans un cadre familial et familier, et non dans un cadre hospitalier, facilite et rend 

moins dramatique la période de crise pour le sujet. Ce point est confirmé par Russel Bennet, 

responsable du «Crisis Home Programm » qui soutient que de nombreux patients ainsi pris en 

charge se rendent spontanément au service pour demander à être accueillis dans une famille 

lors d’une période de crise. On est loin des drames qui caractérisent nombreux de placements 

en hôpital psychiatrique, en particulier lors des hospitalisations à la demande d’un tiers. 

Le traitement des périodes de crises par l’accueil familial à court terme nécessite une 

excellente communication entre les médecins, les infirmiers, les intervenants médico-sociaux, 

l’équipe IESA et les accueillants. 

 

À moyen terme, l’intervention consiste en une phase utilitaire dans l’objectif d’une 

réhabilitation. On présume que le sujet est capable, dans un délai inférieur à deux ans, de 

retrouver une autonomie suffisante pour vivre dans un logement protégé ou dans sa propre 

maison. Ces programmes s’adressent généralement à des personnes jeunes et employées dans 

des activités professionnelles de réinsertion, ou réhabilitées dans ou en dehors des circuits 

psychiatriques. Cette formule demande un travail de synergie entre les agences, c’est-à-dire 

entre les diverses équipes du département de santé mentale sur le territoire : par exemple, 

assistants sociaux, psychiatres, groupes thérapeutiques que le patient continue à fréquenter. 

Elle se pose en alternative aux structures fermées dans lesquelles la réhabilitation est 

souvent compromise, ne serait-ce qu’au niveau structurel. Avec l’accueil familial à moyen 

terme, le sujet expérimente des relations sociales « normales » et s’émancipe de son rôle de 

patient. La famille d’accueil joue le rôle de nid protecteur lors des phases critiques du 

parcours d’autonomisation. Son travail exige une grande souplesse afin de moduler le niveau 

de protection assurée en fonction des besoins de l’accueilli. En ce sens, l’intervenant du IESA 

assume un rôle déterminant de soutien et de supervision quant à la dynamique de la relation 

famille d’accueil – accueilli. 

L’accueil familial à long terme est d’une durée supérieure à 2 ans. Il vise davantage des 

personnes dont l’âge, les difficultés psychiques et physiques et les besoins d’assistance, ne 

permettent pas d’envisager le retour à la société dans un lieu moins protégé. Or, les familles 

d’accueil se révèlent parfois des espaces dans lesquels une fonction significative s’acquiert à 

nouveau : des personnes âgées retrouvent le rôle de grands-parents « adoptifs » avec tous les 

effets affectifs et relationnels ainsi engendrés, d’autres récupèrent sur le plan social et sur 

celui des gestes du quotidien. De telles relations sont préservées jusqu’au décès de la 

personne afin de lui éviter d’inopportunes et dommageables, voire de fatales successions 

d’hospitalisations. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 8 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

Ces dernières années, l’intérêt pour l’insertion en famille d’accueil s’est développé, en 

particulier dans les services psychiatriques et gériatriques. On doit ce développement à 

l’efficacité thérapeutico-réhabilitative offerte à moindre coût. Pourtant, l’expérience nous 

enseigne qu’un accueil familial fondé sur la seule dimension économique est une mauvaise 

solution, et que cette pratique exige une grande vigilance quant à la sélection et à la 

formation des futurs accueillants.  

Mais c’est en fait la compétence de l’intervenant qui rend possible l’alchimie transformant le 

social de lieu d’exclusions en espace thérapeutique. L’élément central est la famille d’accueil, 

véritable creuset de vie, d’expérience et de croissance protégée au sein d’un environnement 

social de plus en plus complexe. L’accueil familial, avec ses relations dynamiques et ses figures 

d’identification et d’attachement, est un lieu d’intégration et d’affection qui rend possible le 

retour à la vie sociale, à un rôle et à une identité nouvelle. Le patient du service de 

psychiatrie, le résidant de la clinique redevient un citoyen avec une vie privée, son nom sur 

une boîte aux lettres et sur la sonnette d’une maison, des personnes de référence qui ne sont 

plus des professionnels de la psychiatrie inévitablement vecteurs de relations asymétriques 

et artificielles.  

Parallèlement à cette conquête des libertés et droits bafoués dans les institutions 

totalitaires, se produisent des retrouvailles avec des mécanismes de développement 

psychologique dont les familles d’accueil sont le support idéal. S’expérimente pour la seconde 

fois (et l’on espère ne pas faillir cette fois) la séparation d’avec les images parentales 

permettant l’individuation. À ce propos, je trouve approprié le terme « nachreifung », « post- 

maturation » en français, du Dr Konrad, de Ravensburg, pour illustrer le processus de l’accueil 

familial comme seconde chance pour que le sujet puisse se retrouver, se « frotter » de 

nouveau à la vie, penser que tout n’est pas perdu, soustraire son destin à la catégorie des 

patients chroniques, mesure assez fidèle de l’inadéquation thérapeutique de l’approche 

psychiatrique classique au regard du malaise psychique. 

Au moins au niveau théorique, la référence dominante est le modèle socio-psycho-biologique, 

ou en changeant l’ordre des mots mais pas leur prégnance, bio-psycho-sociale. Un tel modèle 

indique très clairement les circuits dans lesquels se manifestent les changements dans l’action 

d’un processus de guérison.  

L’attention portée à une seule de ces trois composantes caractérise les institutions 

psychiatriques, lesquelles entendent la thérapeutique comme une intervention exclusivement 

axée sur le malaise biologique du patient. Sans vouloir aucunement éliminer les hospitalisations 

longues, il faut reconnaître que ces solutions, caractérisées par des coûts de gestion élevés et 

des résultats modestes, portent en elles les traces de la culture asilaire incarnée par la 

concentration massive des sujets en souffrance et par leur mise à l’écart du monde et des 

soi-disant sains d’esprit. 

La personne souffrante se trouve donc souvent être l’objet de thérapies exclusivement 

médicamenteuses, sans effets ou inhibantes, dans des contextes aliénés et aliénants qui ne 

prennent pas en considération, ou alors de manière inadaptée ou improductive, le versant 

psychologique et social de l’intervention thérapeutique de réhabilitation. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 9 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

Il serait intéressant d’ouvrir le débat sur les raisons de cette dérive en faveur du versant 

biologique, sur le dogmatisme avec laquelle la psychiatrie regarde cet inefficace déséquilibre 

d’approche, et sur les coûts sociaux ainsi engendrés. Qui en tire avantage ? Certes pas les 

patients ! On notera que la formation des professionnels est validée par la diffusion des 

résultats d’une recherche scientifique toujours plus au service de qui la finance, toujours 

moins objective, s’attachant encore moins au bien-être des sujets traités. Une recherche en 

priorité orientée vers des objets d’étude commercialisables à grande échelle, avant tout en 

mesure de générer des profits. Du reste, il est désormais évident que l’espace réservé à la 

dignité et au respect de la personne humaine se restreint dans un système dominé par l’argent 

dans lequel, si l’on est atteint d’une maladie rare, on risque de ne pas trouver le traitement 

car l’entreprise a interrompu la production en raison des faibles ventes réalisées. 

4. Le service IESA du département de santé mentale 5b du Piemont 

On va parler maintenant du fonctionnement concret de notre programme pour l’accueil familial 

thérapeutique. Le service IESA, projet préparé pendant un an avant de devenir opérationnel 

en décembre 1998, est une expérience pilote aux niveaux national et international étant 

donné le cadre à partir duquel il fonctionne, à savoir le Département de Santé Mentale, et non 

un hôpital psychiatrique comme dans la plupart des pays. Cette différence substantielle fait 

contrepoids entre un modèle centré sur les hôpitaux, les cliniques ou les asiles et un modèle 

déconstitutionnaliser qui prend en compte le malaise psychique dans le cadre de l’intervention 

territoriale. D’où l’originalité et la valeur innovante de l’expérience. 

L’activité est encadrée par des lois « guides » et par un contrat signé au début de la période 

d’essai par la famille d’accueil, le patient et le Département de Santé Mentale (DSM). Un 

règlement définit les bénéficiaires du programme, les organisateurs, le personnel, les 

prestations du DSM, les modalités de remboursement des frais d’accueil et les assurances. 

La famille reçoit 930 euros par mois par l’accueilli. Le DSM, lorsque c’est nécessaire, aide 

l’accueilli afin qu’il dispose d’environ 150 euros par mois pour ses dépenses personnelles et de 

930 euros (comme rembourse pour la famille). 

L’accueil familial d’une personne revient donc à environ 1 080 euros par mois, auxquels il 

convient d’ajouter les coûts d’organisation administrative et de suivi thérapeutique. Au total, 

le coût mensuel maximum d’un accueil familial s’élève à 2 300 euros. 

Le service IESA est composé d’un coordinateur et d’un certain nombre d’intervenants 

(counsellors) variant selon le nombre d’accueils familiaux suivis, sur la base d’un intervenant 

pour 10 accueillis. L’équipe doit, par ailleurs, compter sur l’indispensable instrument de 

supervision hebdomadaire des dynamiques relationnelles familiales. Concernant l’activité 

ambulatoire des infirmiers ou éducateurs auprès de l’accueilli, elle est progressivement 

reprise par l’intervenant IESA chargé de l’accueilli et de la famille d’accueil pour toute la 

durée de leur cohabitation. L’accueilli peut continuer à bénéficier de structures (telles que le 

centre de jour, l’intervention des assistants sociaux départementaux et autres) ceux-ci 

travaillant en synergie avec le coordinateur et l’intervenant du IESA tout comme les services 

territoriaux, psychiatriques ou non. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 10 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

Les familles, après avoir suivi le parcours de sélection et de formation, sont rentrées dans 

une banque de données dans laquelle elles peuvent rester longtemps, parfois plus de 2 ans, 

avant d’accueillir un patient. Cette longue période d’attente s’inscrit dans la philosophie du 

IESA qui tend à éviter la systématisation pour privilégier la « bonne famille » pour le « bon 

patient » afin de favoriser une « bonne cohabitation». Il arrive que cette période d’attente se 

transforme en désistement pour des familles dont les conditions de vie ont évolué, les 

rendant moins favorables à l’accueil à domicile. 

Les motivations des candidats sont fortement déterminées par un besoin d’intégration 

économique. Il est rare d’avoir affaire à des familles d’accueil en grandes difficultés 

financières même si, ces derniers temps, on constate une augmentation de l’intérêt de 

familles au chômage, sans chambre pour le patient, voire sans autorisation de séjour sur le 

territoire. L’existence d’une chambre à usage exclusif de l’accueilli étant la condition sine qua 

non pour poser sa candidature, nous sommes amenés à cesser le travail de sélection de 

familles qui présentent pourtant de bonnes dispositions. 

La famille du patient, lorsqu’elle est présente, n’est pas a priori exclue du projet 

thérapeutique. Mieux, elle est l’objet d’une attente particulière afin qu’elle se transforme en 

ressource et non en obstacle. À travers l’information quant à l’existence du service et quant 

au projet que l’on souhaite actualiser avec la famille du patient, il arrive souvent que celle-ci 

rétablisse un contact avec lui et communique des informations utiles sur son passé. 

La famille d’accueil, de son côté, n’étant pas impliquée émotionnellement dans l’histoire de 

l’accueilli et par ses comportements, interagit avec lui de manière spontanée. L’ambiance 

familiale type, représentée par les familles sélectionnées et habilitées à accueillir, est 

ouverte, souple, et exprime une chaleur et une affection qui ne sont pas relayées par un rôle 

professionnel. Elle est en mesure d’offrir soutien et assistance liés aux besoins de l’accueilli, 

de l’aide à programmer une journée aux conseils pour affronter les vicissitudes de la vie. Elle 

est par ailleurs insérée dans un système de relations ancré dans le tissu social. 

En fait, la famille d’accueil du IESA est un exemple de reconnaissance et de valorisation de 

l’intervention non-professionnelle en psychiatrie. Au vu des écrits scientifiques, de notre 

expérience et des échanges avec les autres services d’accueil familial existants, et au-delà de 

la dimension économique retenue par l’administration, le IESA se distingue des autres modes 

de placements psychiatriques par la meilleure qualité de vie offerte. L’accueil familial est une 

solution transitoire, basée sur une assistance permanente et non-professionnelle, en vue d’un 

parcours ultérieur non institutionnalisé. Il a en outre été constaté que les comportements 

asociaux du patient diminuent et que ses capacités relationnelles s’améliorent. Le bon 

«  monitorage » et la réduction conséquente des doses de médicaments atténuent la 

symptomatologie, diminuent les rechutes, et favorisent l’intégration de handicapés psychiques 

dans la société avec réduction de la stigmatisation et des préjugés. 

Sur un autre plan, l’application du programme IESA à grande échelle aurait un effet positif 

sur le niveau économique de familles et de célibataires. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 11 

G. Aluffi. Placement familial et soins en Italie 

De plus, il répond véritablement aux objectifs de la loi Basaglia (n° 180 ; 1978) qui préconisait 

la fermeture des institutions asilaires et confiait aux services territoriaux le devoir de 

trouver des solutions pour garantir aux patients déshospitalisés un hébergement et un mode 

de vie à valeur thérapeutique et réhabilitative. 

Accueils réalisés du 1/1/1999 au 1/4/2003 

 

Les patients envoyés au projet d’accueil familial thérapeutique sont 32. 

Les patients pas aptes à l’accueil sont 10 (dont 6 pour raisons cliniques et 4 pour raisons 

administratives). 

Les accueils réalisés sont de 14 et 4 en préparation. 

Les renoncements  sont au nombre de 4 (3 par le psychiatre et 1 par le patient). 

Les situations terminées sont encore 4 (1 patient est mort et 3 habitent maintenant des 

appartements supportés par les opérateurs du département de santé mentale). 

Les familles agrées et formées sont 54 (dont 17 ont abandonné le projet avant de devenir 

accueillantes à cause des longues temps d’attente). 


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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

I. Leblic. D’une famille à l’autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

 

Isabelle LEBLIC 

Ethnologue, LACITO-CNRS, Paris 

 

 

D'une famille a l'autre : 

Circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

 

 

 

1. Différentes conceptions de la parenté 

 

Avant toutes choses, il est nécessaire de rappeler quelques notions de base en matière de 

parenté, couramment utilisées en anthropologie. Les éléments nécessaires de toute structure de 

parenté1 sont la consanguinité, la filiation et l’alliance, avec une universalité de la prohibition de 

l’inceste. Si les prohibitions de l'inceste touchent partout des parents différents, l’interdit sur 

l'inceste existe dans toutes les sociétés. 

L'étude de la parenté exige l'analyse de cinq champs d'intérêt : la terminologie, le mariage, la 

résidence, la filiation et l'héritage. Je ne parlerai ici rapidement que de la terminologie, du 

mariage et de la filiation. 

 

A- La terminologie 

 

Les critères principaux qui servent à distinguer entre eux les termes d'un paradigme de parenté 

sont l'âge, le sexe, la génération, la collatéralité et l'alliance. Un terme de parenté est 

descriptif lorsqu'il ne peut être appliqué qu'à un seul parent, à l'exclusion de tout autre, et 

classificatoire lorsqu'il peut désigner des individus se situant en des lieux différents d'un 

paradigme. 

 

B- Deux types de règles de mariage  

 

Les règles de mariage correspondent à un type négatif, quand on interdit la recherche d'un 

conjoint possible parmi certaines catégories de parents ; à l’inverse, le type est positif, quand 

on ajoute aux prohibitions la désignation d'une certaine catégorie de parents comme conjoint 

désirable (préférentiel), voire nécessaire (prescriptif). 

                                                

1 

 cf. Cl. Lévi-Strauss : l’atome élémentaire de parenté. C'est la structure de parenté qui existe la plus simple qu'on puisse 

concevoir, qui consiste en quatre éléments : frère, sœur, père, fils, unis entre eux par deux couples d'oppositions 

correlatives. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

C- La filiation 

 

Il existe différents systèmes de filiation. Celle-ci peut être unilinéaire, soit patrilinéaire 

(appartenance au groupe de père en fils), soit matrilinéaire (appartenance au groupe de mère en 

fille) ;ou bien elle peut être bilinéaire (appartenance aussi bien à un groupe patrilinéaire qu'à un 

groupe matrilinéaire) ou encore indifférenciée ou cognatique (appartenance à une quelconque  

des quatre lignées issues de PP, MP, MM, PM2). 

Dans ce cadre général, on peut trouver différentes types de familles, qui peuvent être : la 

famille élémentaire qui regroupe les parents et leurs enfants ; la famille étendue qui voit la 

coexistence sous un même toit et une même tutelle de multiples cellules conjugales apparentées, 

avec plusieurs générations et/ou divers collatéraux ; le lignage qui est un groupe d'individus 

descendant d'un ancêtre commun selon une filiation unilinéaire ; ou encore le clan qui est un 

groupe plus vaste formé de plusieurs lignages, se réclamant d'un ancêtre éponyme sans pouvoir 

retracer les liens généalogiques. 

Je vais vous présenter maintenant rapidement les grandes caractériques de la parenté kanak 

paicî3

 

 

2. Conception kanak de la parenté 

 

A- Une parenté patrilinéaire  

 

Les lignages paicî sont patrilinéaires et exogames, c’est-à-dire qu’on appartient au lignage de son 

père4, à vie pour un fils, jusqu'à son mariage pour une fille qui deviendra alors membre du 

lignage de son mari. Cela signifie, entre autres, qu’il y a transmission du nom de lignage, des 

totems, des droits et des terres… de père en fils. Cela signifie également qu'un homme5 devient 

ancêtre dans son lignage alors qu'une femme mariée sera ancêtre dans le lignage de son mari. 

 

B- Une alliance préférentielle 

 

Ches les Kanaks paicî, on se marie avec quelqu'un qui appartient à un autre lignage et qui est 

idéalement en position de cousin croisé, dans le cadre d’un dualisme matrimonial qui répartit les 

lignages en deux moitiés exogames, les Dui et les Bai. Cela signifie qu’un homme dui épouse une 

femme bai et qu’un homme bai épouse une femme dui, les Dui et les Bai étant donc idéalement en 

position de cousins croisés. 

L'univers de la parenté paicî répartit donc les individus en deux groupes nommés les "gens de 

mon côté" et les "gens de mon oncle maternel", que l'on peut appeler aussi les "maîtres de la 

demeure" et les "utérins, invités". Dans toute rencontre, les Kanaks se répartissent entre ses 

deux groupes. 

                                                

2 

 Avec P = père et M = mère ; soit par exemple MP = mère de père. Par la suite nous aurons également Fr = frère, Sr = 

sœur, C = cousins dont CX = cousins croisés et C// = cousins parallèles (cf. schéma 1 pour la distinction CX / C//). 

3 

 J’ai travaillé dans la région de Ponérihouen, côte est de la Grande Terre de Nouvelle-Calédonie qui apaprtient à l’aire 

linguistique paicî. Il faut se garder de généraliser cesd onnées à l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie kanak, qui comprend 

vingt-huit langues et une grande diversité de systèmes de parenté dans une trame d’organisation sociale commune à 

l’ensemble de ces sociétés kanak. 

4 

 Sauf si adoption dans un autre lignage. 

5 

 Sauf si adoption dans un autre lignage. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

C- Les chemins de l'alliance 

 

À ces considérations générales s'ajoutent des considérations particulières liées, entre autre 

chose, à l'histoire des lignages, et qui induisent des interdits supplémentaires pour l'alliance, 

comme les lignages dits frères (création de liens de parenté entre lignages par le fait d'avoir 

cheminé ensemble, d'avoir partagé le même habitat, la même marmite sacrée et les mêmes 

rituels, d'avoir mélangé leur sang…). 

 

D- Une parenté classificatoire 

 

La terminologie de parenté paicî est dite Iroquois6 et possède des grandes caractéristiques 

suivantes : 

- Les pères = père + frères de père  

- Les mères = mère + sœurs de mère  

- Les oncles maternels = frères de mère 

- Les tantes paternelles = sœurs de père 

- Une distinction entre cousins croisés (CX) = cousins et  cousins parallèles (C//) = frères 

et sœurs 

Elle se distingue de la terminologie de parenté dite Eskimo7 (qui est la nôtre) par le fait que : 

 

Terminologie eskimo Terminologie iroquoise 

C// = CX C// ≠ CX 

C ≠ Frères et sœurs C// = frères et sœurs  

P ≠ [FrP = FrM] [P = FrP] ≠ FrM 

M ≠ [SrM = SrP] [M = SrM] ≠ SrP 

 

Schéma 1 : Distinction entre cousins croisés et cousins parallèles : 

 

Ego 

C// C// 

CX CX 

Fr Sr 

P M 

FrP 

SrP SrM FrM 

 

 

 

                                                

6 

 Dans la typologie des systèmes de parenté établie par Murdock en 1949 – à la suite de Morgan qui avait réalisé une 

importante monographie sur les Iroquois et une première étude des systèmes de parenté en 1870 –, on distingue donc le 

système dit Iroquois. 

7 

 Le système de parenté dit Eskimo a été aussi établi dans la typologie de Murdock. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

3. Le chronotope kanak ou la notion de "temps-espace" dans la parenté kanak  

 

A-Les généalogies, itinéraires et successions des générations  

 

Les généalogies kanak représentent autant le temps que l'espace puisqu'elles sont à la fois un 

itinéraire (succession d'anciens habitats) et une succession d'ancêtres et de parents. Dans ce 

cadre, les patronymes sont aussi des toponymes (en tant que lieux d'émergence des clans ou de 

séparation en différents lignages). Divers autres choses peuvent induire de la parenté – dite 

rituelle –, comme cheminer ensemble ou manger ensemble la même marmite (sacrée). 

 

B-Spirale du temps sur quatre générations 

 

Les termes d'appellation de parenté, qui tournent sur quatre générations, nous donne l'image 

d'un temps cyclique "en spirale" (voir schéma 2). 

 

niveau généalogique : +3 +2 +1 0 -1 -2 -3 

om 

s 

 

Ego dit ciè "aîné" à x   x    

Ego dit ao "grand-père" à  x   x   

Ego dit caa "papa" à   x   x  

Ego dit ciè "aîné" / aajii "cadet" 

à 

   x   x 

em 

s 

 

Ego dit ciè "aîné" à x   x    

Ego dit gèè "grand-mère" à  x   x   

Ego dit nyââ "maman" à   x   x  

Ego dit ciè "aîné" / aajii "cadet" 

à 

   x   x 

 

C- Homonymie 

 

Le lien d'homonymie vient redoubler l'assimilation des générations donnée par les termes 

d'adresse. En général, on reprend le nom de quelqu'un qui se trouve en position d'aîné, c'est-à- 

dire d'arrière-grand-parent. Ce qui provoque une assimilation quasi complète du jeune à son 

ancêtre dont il reprend le nom ; on lui parle souvent en utilisant le duel "vous deux" (sous- 

entendu lui et son ancêtre éponyme). 

De façon générale, le fait de reprendre le nom de quelqu'un crée un lien particulier entre les 

deux personnes. 

 

D- Mythe d’origine et intemporalité, continuum êtres surnaturels/esprits/ancêtres 

et hommes 

 

Le mythe paicî d'origine des hommes et de la terre de Nouvelle-Calédonie sert aussi de 

justification à la création des moitiés matrimoniales. Dans le mythe, des esprits commencent à 

peupler la terre qui vient d'émerger de l'eau après un déluge, puis ils donnent naissance à un 

être mi-homme/mi-esprit avant que n'apparaissent les hommes. On se trouve là dans le 

continuum esprits / êtres humains. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

Le monde des esprits et des ancêtres (la surnature) est dit "choses d'ailleurs" en opposition à 

celui des êtres vivants qui est dit "sur terre". De même, les hommes vivants sont dits les "vrais 

hommes" en opposition aux hommes décédés qui deviennent les ancêtres. 

 

E- Rapports aux ancêtres 

 

Chez les Kanaks, le rapport à la mort et aux ancêtres est complètement différent de chez 

nous : les morts, devenus ancêtres, sont toujours présents aux côtés des vivants pour les 

soutenir dans toutes leurs actions par l'intermédiaire de diverses pratiques rituelles dont les 

rites propitiatoires… 

Cet intérêt accordé aux défunts se manifeste notamment dans l'importance accordée aux 

cérémonies de deuil et de levée de deuil qui regroupe chez le défunt ses parents paternels qui 

reçoivent les parents maternels afin de leur rendre les affaires du défunt et permettre que 

celui-ci deviennent un ancêtre dans son groupe paternel. 

 

 

4. Notions de parentalité 

 

A- La notion de parents varie d'une société à une autre  

 

En Occident, le principe d'exclusivité fait qu'on n'a qu'un père et une mère ; ailleurs, un enfant 

peut avoir de multiples pères et mères classificatoires (comme c'est le cas pour les Paicî), d’où 

la répartition possible des droits et devoirs parentaux à un groupe de parents, ce qui n’est pas 

sans influence sur la circulation enfantine. 

 

B- Les six composantes de la parentalité (d'après Esther Goody 1982 et Mireille Corbier 

1999) 

 

Dans de nombreuses sociétés, le fait de concevoir et de donner naissance à un enfant n'est pas 

une condition nécessaire et suffisante pour en être les parents. Il faut en ajouter au moins cinq 

autres : 

(1.Conception et gestation)  

2. Nourrissement  

3. Éducation 

4. Soutien et garantie 

5. Identité juridique 

6. Obligation réciproque d'aide et d'entretien 

 

C- Liens sur l’adoption 

 

On peut donc ainsi opposer une délégation partielle de certaines de ces composantes au 

transfert institutionnalisé de l'ensemble (hormis la première) que constitue l'adoption plénière ; 

l’adoption peut être exclusive (substitution totale des droits des parents par ceux des tuteurs) 

ou inclusive (coexistence des droits des géniteurs et des éducateurs) ; elle peut être aussi 

ouverte (conservation de liens avec les géniteurs de l’enfant). 

 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 6 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

D- Nourrir et éduquer : 

 

Dans de nombreuses sociétés, il existe un parallèle fort entre adoption-fosterage et mise en 

nourriture, en éducation, en apprentissage… soit entre nourrir et éduquer (latin alo = "nourrir, 

élever" —> alumnus = "nourrisson, enfant" ; la même chose chez les Paicî où un même mot èrù 

désigne à la fois le fait de d’élever, de soigner et de réserver un enfant pour l'adopter). 

 

 

5. L'adoption : pourquoi faire ? 

 

En Europe occidentale, l'adoption a eu trois fonctions principales qui ne s'excluent pas 

mutuellement : 

— Procurer une famille aux orphelins et enfants trouvés.— Procurer une progéniture sociale aux 

couples sans enfants.— Procurer à un couple ou à un individu un héritier à sa propriété, 

transmission des biens et des statuts. 

Notons que, dans nos sociétés, le lien entre adoption et orphelins est très contemporain et date 

d'après la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, on parle surtout de "l’intérêt de l’enfant". 

Si pour les historiens de l'Europe médiévale, l'adoption, est conçue comme une manipulation de 

la parenté, pour les ethnologues, elle fabriquent de la parenté. 

Dans les sociétés dites traditionnelles, les études sur l'adoption insistent beaucoup sur la notion 

de circulation des enfants (en parallèle souvent à celle des femmes par les mariages). L’adoption 

y a les fonctions principales suivantes : 

— donner des parents à des enfants qui n’en ont pas et vice versa  

— les nécessités de la survie et de la reproduction du groupe 

— aider des individus à acquérir de meilleures positions 

— la balance des sexes 

— "tirer" l’enfant (le soustraire à une mauvaise influence, souvent de l’ordre de la 

sorcellerie… pour le protéger) 

— intérêt économique : enfants mis en gage, en apprentissage, en placement pour travail 

domestique… 

— donner un soutien à des parents âgés et isolés 

— créer des relations nouvelles entre groupes ou en entretenir des anciennes (en parallèle 

avec l’alliance) 

— remplacement de l’infanticide, etc. 

Notons enfin que les enfants et adultes déplacés peuvent l’être en tant que fils/fille mais aussi 

en tant que gendre/bru, ou dans toute autre relation de parenté, notamment petit-fils/petite- 

fille… 

On peut résumer ainsi les quatre causes principales des transferts juvéniles en société dite 

traditionnelles (Suzanne Lallemand, 1993) : 

 

1 2 3 4 

survie 

reproduction 

nécessité convenance 

sociale 

commodité 

(enfants orphelins) 

(tuteurs stériles) 

(excès de descendance) 

(divorce) 

(balance  

des sexes) 

(tirer l’enfant) 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 7 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

Enfin, notons que dans le cas d’adoptions répétitives entre deux groupes ou plus, ces transferts 

peuvent se faire selon : 

— un échange direct (un enfant contre un enfant)— un échange différé (un enfant qui sera 

rendu ultérieurement) 

— ou encore un échange asymétrique (c’est toujours le même groupe qui reçoit et le même 

qui donne) 

 

 

6. L’adoption kanak  

 

Deux types principaux de transferts kanak qui sous-entendent le transferts des droits et 

obligations parentales des parents biologiques à des parents adoptifs : 

— le prêt, gardiennage temporaire, que l'on appelle fosterage : l'enfant est élevé ailleurs, 

jusque vers ses 12 ans 

— le don, adoption proprement dite, avec changement d'identité si changement de lignage 

Entre ces deux pôles de la circulation enfantine kanak, il faut noter aussi :  

— l’attribution de tel enfant à un parent donné sans changement de domicile ni d’identité,  

— ou encore l’assimilation de deux personnes par le lien d’homonymie (généralement un arrière- 

grand-père(/mère) et son arrière-petit-fils(/fille) 

 

A- Cumul des filiations et des interdits  

En Nouvelle-Calédonie, il n'y a pas de secret adoptif, c'est-à-dire que les enfants transférés 

savent qui sont leurs parents biologiques et le plus souvent conservent des relations avec eux : il 

y a donc cumul des filiations (adoption simple) et non pas remplacement de l'une par l'autre 

(adoption plénière). Ce qui induit un cumul des parentés et des prohibitions de l'inceste 

 

B- Parallèle entre la circulation enfantine et la circulation des femmes par les 

alliances 

 

Chez les Kanaks paicî, on fait les mêmes présents et cérémonies coutumières dans les deux cas 

(on "prend" et on "pose" une femme comme un enfant) pour les installer dans leur nouveau 

lignage (donc en cas d’adoption en dehors de son lignage de naissance). 

 

Notons que je ne parle ci-dessous que des dons d'enfants, les seuls repérables de manière 

fiable sur les généalogies.  

Les fosterages, qui n'interviennent pas de façon définitive sur les généalogies, n'étaient 

souvent pas mentionnés.  

Disons simplement qu'ils se produisent le plus souvent pour conforter les liens d'alliance : 

autrement dit, un enfant sera confié momentanément à son oncle maternel direct ou à quelqu'un 

du lignage de son oncle. 

Six raisons principales président aux transferts juvéniles qui influent sur le sexe de l’enfant 

donné : 

— On donne une fille pour : 

- le règlement d’une dette - la réconciliation de deux lignages  

- l’arrêt d’une guerre  

- le remplacement d’une femme qu’on n’a pas pu rendre dans le cycle des alliances 

matrimoniales ou le rappel d’une alliance passée 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 8 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

— On donne un garçon pour : 

 - le remerciement d’un geste ou service rendu - éviter l’extinction d’un lignage (dans ce 

cas-là l’oncle maternel prend son neveu, fils d’une sœur) 

— On donne un enfant de l’un ou l’autre sexe pour : 

- combler l’absence d’enfant d’un couple 

- rétablir l’équilibre des sexes dans une fratrie (un garçon qui n’a pas de sœur peut avoir 

des difficultés à obtenir une femme ! car la règle veut que l’échange des femmes soit 

équilibré) 

 

C- Transferts d'adultes 

 

Intégration d'adulte "étranger" dans un lignage et même d'un lignage nouveau-venu en son 

entier dans un autre qui l'accueille selon le même processus d'adoption 

 

D- Nature des transferts constatés  

 

Un quart des enfants recensés dans les généalogies a fait l’objet d’un transfert (soit 341 sur 

1374). 

La moitié des enfants transférés provient d’une mère célibataire (nécessité d’avoir une filiation 

officielle) ; mais tous les enfants non reconnus par leur père ne sont pas adoptés (20 % ne l’ont 

pas été). 

La moitié des enfants transférés reste dans leur lignage de naissance ou dans un lignage frère 

42 % des enfants transférés le sont dans un lignage allié matrimonial 

 

E- Qui sont les parents adoptifs 

 

— Pour les enfants nés d’une mère célibataire : 

- 58 % des enfants non reconnu par leur père sont adoptés dans leur lignage de 

naissance, essentiellement par un frère de la  mère (29 %) et par le père de la 

mère (27 %)  

- 42 % des enfants "sans père" sont adoptés dans un autre lignage que celui de la 

mère (patronyme différent) : 9 % par le grand-père maternel de la mère, 10 % par 

des beaux-frères  classificatoires de la mère, 5 % par le mari ultérieur de la 

mère, 12 % par des alliés plus lointains 

— Pour les enfants nés d’un couple :  

- 66 % sont donnés dans un autre lignage que celui du père biologique, 

essentiellement dans celui de la mère, dont 7 % à des oncles utérins, 4 % à des 

grands-pères maternels et 4 % à des mères classificatoires  

- 34 % sont donnés à l’intérieur de leur lignage de naissance, dont les deux tiers 

(26 %) à un père classificatoire (FrP) 

 

 

 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 9 

I. Leblic. D'une famille à l'autre : circulation enfantine kanak en Nouvelle-Calédonie 

Conclusions 

 

Ma participation aux travaux de ce sixième colloque du GREPFA-France m’a suggéré quelques 

réflexions, comprenant mieux en quoi mon intervention pouvait cadrer dans les préoccupations 

des participants. En effet, une des interrogations en pratique dans l’accueil familial 

thérapeutique m’a semblé être la place respective de la famille naturelle et de la famille 

d’accueil face à l’enfant ou à l’adulte placé. Vu de l’extérieur, on a le sentiment que l’on ne veut 

placer les liens affectifs et « familiaux » que du seul côté des premiers alors que les seconds 

doivent n’être considérés que comme des « professionnels » intervenant dans un processus 

thérapeutiques et que cela ne doit pas laisser place aux sentiments. Aussi, pourquoi parler de 

famille d’accueil, surtout quand il s’agit du placement d’enfant ? Cette réaction un peu naïve de 

quelqu’un peu au fait de ces pratiques me confortent dans l’idée que la parentalité n’est pas 

seulement une affaire de conception et de gestation, ce que les ethnologues, à la suite d’Esther 

Goody affirment depuis de nombreuses années. 

 

 

 

Références bibliographiques 

 

CORBIER Mireille (éd.) 

1999 Adoption et fosterage. Paris, éd. De Boccard, coll. De l'archéologie à l'histoire, 392 p. 

CORBIER Mireille 

1999 "Introduction : Adoptés et nourris", Adoption et fosterage. Paris, éd. De Boccard, coll. De 

l'archéologie à l'histoire : 5-41. 

GOODY Esther 

1982 Parenthood and Social Reproduction : Fostering and Occupational Roles in West Africa

Cambridge. 

LALLEMAND Suzanne 

1993 La circulation des enfants en société traditionnelle. Prêt, don, échange. Paris, 

L'Harmattan, coll. Connaissance des hommes, 224 p. 

LEBLIC Isabelle 

2000 "Adoptions et transferts d'enfants dans la région de Ponérihouen", En pays kanak. Alban 

Bensa et Isabelle Leblic (éds), Paris, éd. de la MSH, coll. Ethnologie de la France 14 : 49- 

67. 

LEBLIC Isabelle (éd.) 

2003 De l'adoption. des pratiques de filiations différentes. Clermont-Ferrant, Presses 

universitaires Blaise Pascal, coll. Anthropologie (sous presse). 


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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003)  

INTRODUCTION AU CONGRES D’ANNECY 

Dr Madeleine Bernard 

Psychiatre, Chef de service 

Responsable de l’unité d’ AFT d’Annecy 

L’accueil familial existe à Annecy depuis la mise en place des secteurs de 

psychiatrie en 1975. Les patients hauts savoyards étaient, antérieurement à cette 

date, hospitalisés en Savoie au centre hospitalier spécialisé de Bassens. Ceux qui 

étaient en accueil familial au moment de ce transfert sont restés dans les familles qui 

les accueillaient mais sous la responsabilité de l’hôpital d’Annecy et non plus du CHS 

de la Savoie. Quelques infirmières des unités d’hospitalisation temps plein dont 

dépendaient ces patients assuraient le suivi dans les familles d’accueil. Cette situation 

à perduré jusqu’au début des années 1990 puis avec la publication des textes 

réglementant l’accueil familial, sous l’impulsion de C. Chabert, assistante sociale, et du 

Dr Guy Solier, ce mode de prise en charge s’est un peu mieux organisé ce qui a permis 

l’attribution d’un budget spécifique pour la rémunération des familles et la création de 

temps infirmier, d’assistante sociale et de psychologue. 

Depuis 1997 après avoir structuré le fonctionnement de l’AFT au sein de 

l’ensemble du dispositif de soin psychiatrique du Bassin d’Annecy par l’élaboration d’un 

règlement intérieur, nous nous sommes attachés à améliorer, dans la mesure de nos 

possibilités, les conditions de travail  et de rémunération des familles d’accueil.  

Actuellement nous travaillons avec … accueillants familiaux et   patients sont ainsi 

pris en charge. Notre mode de fonctionnement implique au minimum 4 partenaires, 

parfois 5 : 

  le patient bien sûr 

  son équipe de soin de secteur (1 psychiatre référents et 1 ou plusieurs 

infirmiers référents également) 

  la famille d’accueil 

  l’équipe d’AFT  

  parfois la famille d’origine du patient quand elle existe sur le plan relationnel 

s’entend 

Il nous a, ici ou là, été souligné la complication d’une telle manière de faire. Sans 

minimiser le bien fondé d’une telle objection, cette organisation nous apparaît encore 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003)  

pertinente et féconde dans un projet de soin. Chacun des intervenants de ce 

dispositif y tient une place bien spécifique : 

  à l’équipe de secteur celle d’assurer les soins individualisés du patient. Elle 

rencontre le patient le plus souvent seul, dans les conditions définies dans un petit 

document écrit, rédigé au bout de quelques semaines de placement et nommé 

«contrat personnalisé de placement». Les modalités de ce suivi sont donc 

extrêmement variables, à la carte en quelque sorte et évolutives au cours de la 

prise en charge du patient 

  à la famille d’accueil ce que nous appellerons «l’art d’être une famille» et dont 

nous parlerons demain en atelier, 

  à l’équipe d’AFT l’obligation d’accompagner les familles d’accueil et de garantir 

le respect de l’éthique qui s’impose dans la prise en charge de patients, surtout hors 

du cadre hospitalier. Chaque famille est suivie par 2 infirmières référentes qui 

effectuent au moins une visite mensuelle dans la famille, plus souvent si nécessaire. 

Ces infirmières, particulièrement à l’écoute du fonctionnement familial, requièrent 

éventuellement l’aide du psychologue de notre équipe  

Cette organisation pour compliquée qu’elle soit (et peut-être d’ailleurs à cause de 

cela !) nous paraît de nature à provoquer des «interstices» entre les différents 

partenaires obligés, interstices générateurs de relation, relation potentiellement 

conflictuelle certes mais relation comme matériau de base de notre travail commun. 

Nous avions fait de notre réflexion à ce sujet, l’objet d’une communication au congrès 

de Marseille il y a 2 ans. Au fil des années il nous semble que c’est dans les 

articulations, dans les espaces interrelationnels, là où les échanges ne sont pas 

«grippés» que se joue l’essentiel d’un processus potentiellement thérapeutique. Nous 

appartiendrait-il alors de faire jouer au mieux ces articulations dans la mesure où 

elles existent ? 

En proposant la candidature d’Annecy au bureau national du GREPFA pour le 

congrès de cette année, c’est assez naturellement que s’imposait aussi l’idée 

d’approfondir, à cette occasion, la question du «thérapeutique» A travailler 

régulièrement avec les familles d’accueil on ne peut éviter de se poser la question : 

pourquoi  «ça marche» ? «Ça marche» c'est-à-dire que les patients vont mieux.  

Qu’est ce qui permet qu’un effet thérapeutique advienne ? 

Au cours de ce  congrès à Annecy, la petite équipe que nous sommes avait envie de 

partager ce questionnement avec vous tous, envie aussi de tenter d’en éclairer les 

grands axes. Pour autant, nulle illusion scientiste de notre part car, fondé sur la 

mystérieuse alchimie qu’est la vie familiale, l’accueil familial thérapeutique résistera, 

n’en doutons pas, à nous livrer ses ultimes secrets et personnellement je m’en réjouis. 

Je nous souhaite à tous ici présents, mus par la pulsion épistémophilique, grand plaisir 

à la réflexion, à des échanges de points de vue libres et nourris, grand plaisir à 

l’expression d’idées nouvelles, originales et pourquoi pas dérangeantes. 


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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique 

Pascal PERROT 

Psychologue, SISMLA, Nantes 

S.A.F.T. et S.I.S.M.L.A. en Loire-Atlantique 

1. Historique 

A - Etat des lieux 

 

 Accueil familial thérapeutique adultes 

Il existait avant la création du SJ.S.M.L.A, 3 entités d'accueil adultes distinctes : 

 

 2 dépendantes de services publics hospitaliers : 

• 1 sous la direction du centre hospitalier spécialisé de Blain au Nord du 

département pour une capacité de 14 places. 

• 1 sous la direction du centre hospitalier régional de Nantes de même 

capacité. 

 

 1 purement associative mais à fonds publics appelée "association CONTADOUR" d'une 

capacité de 80 places et dirigée depuis sa création par le Dr SANS bien connu dans le 

monde de l'accueil familial. 

Il est à noter que cette association avait d'autres activités telles que l'accueil spécialisé pour 

adolescents et la gérance de tutelles mais nous y reviendrons. 

 

 Accueil familial thérapeutique enfants 

Il existe à cette époque 2 unités d'accueil familial thérapeutique enfants sur le département 

toutes deux attachées à des secteurs de pédopsychiatrie d'hôpitaux publics : 

 

 1 d'une capacité de 12 places dirigée par ie centre hospitalier de St Nazaire 

 

 1 d'une capacité de 10 places diriges par le centre hospitalier spécialisé de Montbert 

au sud du département 

Toutes ces entités avaient des pratiques différentes, des modes de rémunérations des 

familles d'accueil différents, des histoires différentes, ... 

Malgré tout, nous savions déjà à cette époque qu'il était important, voire indispensable de se 

rencontrer, de mettre en commun ce qui pouvait l'être, de réfléchir ensemble à nos pratiques, 

sous peine de se voir rapidement isolé, dépassé et disparaître. 

Ceci fut fait par la participation à des congrès comme celui du G.R.E.P.F.A. ou par des 

rencontres régulières comme celles des accueils familiaux enfants du grand ouest. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique 

Mais de là à se voir réunis sous la même bannière d'un syndicat inter-hospitalier qui allait 

devenir un établissement public de santé à part entière, il y avait bien loin... 

 

B- Mise en place du syndicat inter-hospitalier 

Né d'une décision politique tout à fait louable, celle de redéfinir la carte sanitaire de 

l'hexagone pour plus de cohérence en vue d'un meilleur service aux usagers et d'économies 

substantielles, les agences régionales de l'hospitalisation créées en 1996 furent bien souvent 

accueillies avec froideur (au mieux) par les professionnels qui voyaient poindre à l'horizon : 

restructuration, mutualisation, fermetures, abolition de la sectorisation en psychiatrie. 

En bref, le diable allait rentrer dans notre maison ! 

C'est dans ce contexte que l'histoire du syndicat en santé mentale de Loire-Atlantique allait 

commencer. 

Les premiers contacts entre le personnel et le directeur de l'agence régionale de 

l'hospitalisation furent explosifs. Notamment au niveau du centre hospitalier spécialisé de 

Montbert. 

Dès que furent rendus publics les projets de rapprochement du CHS de Montbert de la 

couronne nantaise et de l’entrée du service d’hospitalisation complète et de l'accueil familial 

enfants dans le syndicat inter-hospitalier, le personnel non médical fit grève et séquestra le 

directeur de l’A.R.H., persuadé que cette décision sonnait le glas de l’établissement, et les 

médecins crièrent à la trahison et au démantèlement de la pratique sectorielle en psychiatrie. 

Mais le processus était sur rails. Déjà la direction de l’activité « Accueil Familial Adultes » de 

l'association CONTADOUR avait été confiée par l’A.R.H. à Mme JOUANNIS, directrice du 

C.H.S. de Montbert. 

Des tracatations entre les établissements fondateurs (pour mémoire le C.H.U. de Nantes, le 

C.H. de St Nazaire, les C.H.S. de Blain et Montbert) avaient lieu pour déterminer la 

participation de chacun à la corbeille des mariés : pour qui des locaux, pour d'autres du 

personnel ou d’autres l’organisation administrative et matérielle. 

Ce fut une bonne grosse bagarre d'intérêt financier comme il se doit, ou les équipes de base 

et les familles d'accueil (concertées et informées malgré tout) souffrirent pendant pas mal 

de temps. 

2. La construction du S.I.S.M.L.A. 

A- Période transitoire difficile 

Le syndicat inter-hospitalier en santé mentale de Loire-Atlantique a officiellement été créé 

le 29 Octobre 1999 pour une entrée effective en activité le 1er Février 2000. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique 

Ce syndicat est autorisé à exercer les missions d'un établissement de santé et a la vocation à 

assurer la coordination départementale de certaines activités de soin. Il a une fonction 

logistique qui doit principalement promouvoir un rôle d'expertise en santé mentale et 

optimiser les modes de prise en charge à un échelon départemental. Il a également une 

fonction politique dans ce qui est la promotion des actions de coopération entre les différents 

acteurs départementaux. 

Le S.I.S.M.L.A. n'est pas à ce moment-là, un établissement public de santé puisqu'il n'est pas 

habilité à gérer lits et place, mais il est doté des mêmes instances légales propres : un conseil 

d'administration, un comité technique d'établissement, une commission médicale 

d'établissement. Il est également doté d'un conseil des familles d'accueil, celles-ci n'ayant 

aucune autre représentation officielle étant encore employées sous contrat de droit privé. 

Pour signifier les liens toujours existant, il existe également un conseil de direction des 

établissements fondateurs. 

Cette période fut particulièrement difficile pour les équipes. Je vais vous en énumérer les 

principales raisons, mais j'ai choisi de vous présenter l'exemple et le vécu du personnel de 

l'unité que je connais le mieux : l'unité d'accueil familial enfants Sud Loire. 

 

 Au niveau du quota de personnel 

Toutes les équipes eurent à subir une compression de leur personnel ; peut-être à un moindre 

niveau l'ex-association CONTADOUR dont la majorité de l'activité était l'accueil familial. 

Malgré tout, l'activité tutelle et accueil adolescents étant restée associative, un "partage" du 

personnel administratif avait été effectué pas obligatoirement à l'avantage de l'accueil 

familial adultes. 

Pour les unités hospitalières d'accueil créées au niveau de services de psychiatrie, c'était une 

autre histoire. Elles n'avaient fait l'objet de peu de créations de postes (à part les postes 

d'assistantes maternelles et familles d'accueil) et partageaient des petits bouts de temps de 

divers professionnels travaillant sur d'autres unités plus conséquentes, au gré des 

disponibilités. 

Tous ces temps estimés (à la louche) de moins de 50 % ne furent pas comptabilisés. 

Voici l'exemple de l'accueil familial thérapeutique du C.H.S. de Montbert. 

C'est une unité de 10 places pour laquelle il a été transféré au S.I.S.M.L.A., un temps plein 

d'infirmier, un mi-temps d'éducateur et  quart de temps médical. 

Mais cette unité bénéficiait également : 

D'un temps de chef de service responsable de l'U.F de rattachement de 1 à 4 heures, 

D'environ 6 heures de secrétariat (bien peu quantifiables car la secrétaire prenait 

tous les messages), 

D'environ 6 heures d'assistante sociale, 

D'environ 6 heures de psychologue et d'autant de cadre infirmier. 

 

 Au niveau du vécu des équipes 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique 

Toutes ces équipes se sentirent souvent abandonnées, parfois malmenées et maltraitées ; les 

familles d'accueil s'inquiétèrent elles aussi de la déliquescence des équipes, du flou 

administratif et fantasmèrent sur la fermeture éventuelle des services. 

Voici l'exemple de notre unité. 

Notre désormais ex-médecin chef décida aussitôt que les employés ayant ces petits temps 

non reconnus n'avaient plus à assurer leur service auprès de l'accueil familial (heureusement 

la secrétaire s'autorisa à prendre nos messages et à taper quelques courriers) mais n'ayant 

pas de points de chute, nous étions toujours hébergés dans le même C,M.P. 

Je ferais maintenant le seul aparté clinico-institutionnel de cette intervention. 

Nous étions hébergés par une famille, contrainte et forcée puisqu'elle voulait nous 

abandonner. 

Nous savions qu'une famille d'accueil nous attendait mais elle ne pouvait pas encore nous 

recevoir : elle n'avait pas tout à fait son agrément et les travaux de notre chambre n'étaient 

pas finis ! 

Voici là le premier point positif de cette expérience : nous avons pu personnellement 

expérimenter le vécu douloureux de l'enfant abandonné en quête d'une famille d'accueil ! 

Deuxième point positif : nous pouvons maintenant analyser les relations difficiles de cette 

famille en rupture et les mécanismes de renforcement des défenses de chaque membre et 

l'escalade symétrique du conflit. 

Je dis "maintenant" car nous étions à cette époque acteurs extrêmement actifs dans le 

renforcement et l'escalade, incapables de prendre le recul nécessaire et surtout n'ayant pas 

sous la main le thérapeute familio-institutionnel compétent. 

3. La phase de construction 

Il est clair que nous avons essuyé les plâtres d'une nouvelle organisation. Maintenant, nous 

enfants abandonnés, nous devions participer à la construction d'une nouvelle famille. 

Une petite famille pour le moment où nous étions et devions être moteurs. En bref où nous 

avions tout à gagner dans la participation active pour la prospérité des activités auxquelles 

nous croyons. 

Ainsi, tous les acteurs se sont investis dans les grands projets initiés par la secrétaire 

général du S.I.S.M.L.A. ou proposés par les partenaires (syndicats, médecins, équipes 

soignantes...). 

L'approbation de ces actions et la reconnaissance d'utilité publique de nos activités par 

l'A.R.H. est notre récompense même si bien sûr beaucoup reste encore à faire. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique 

 

 Les travaux actuellement réalisés et en cours 

• L'harmonisation du statut et des rémunérations des familles d'accueil 

Il est à noter que l'harmonisation des salaires s'est faite au niveau le plus haut des 

différentes unités. 

• L'harmonisation des statuts et des rémunérations des assistantes maternelles 

L'harmonisation des statuts s'est faite ici autour des textes gérant l'activité des assistantes 

maternelles. Quant aux rémunérations l'objectif était d'atteindre le niveau du salaire de 

base du conseil général tout en tenant compte des spécificités de notre activité. 

• La recherche de locaux suffisamment spacieux pour recevoir les activités d'accueil adultes 

et enfants dans un souci d'efficacité, d'unité d'équipe. 

• L'élaboration d'un projet d'établissement contenant les éléments cités plus haut, une mise à 

niveau des moyens et des projets peut-être ambitieux mais répondant à une demande certaine 

sur le département. 

Je citerai notamment la création d'une troisième unité d'accueil familial enfants desservant 

le nord du département et la mise en place d'une unité centrale de coordination pour les trois 

unités accueil enfants. 

Ce projet d'établissement fera bien sûr l'objet d'un contrat d'objectifs et de moyens et 

sera soumis aux tutelles : croisons les doigts !!! 

Deux éléments importants : 

- La décision du conseil d'administration de considérer les contrats des familles d'accueil et 

assistantes maternelles de droit public ; 

- La décision des tutelles d'autoriser au S.I.S.M.L.A. la gestion de lits et places. 

Conclusion 

Après avoir traîné les pieds, bataillé, souffert (nous souffrons encore un peu !), nous avons 

accepté l'inévitable. Et ma fois, nous devons admettre que notre petit artisanat, menacé 

parfois de disparition, a sans doute tout à gagner en reconnaissance et en efficacité dans ce 

genre de mutualisation. 


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Déplier Fermer  Congrès 2006 au SABLES D'OLONNE

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 1 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

 1 

Sandrine LOEB, 

Psychologue, AFT de Lagny-Marne-la-Vallée 

 

 AXE n°1 « CONTINUITE-DISCONTINUITE » 

 

L’histoire d’Adelaïde : 

Du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

Je voudrais par ce cas clinique illustrer comment un dispositif de soins composé de plusieurs 

structures complémentaires peut être à un moment donné de l’histoire d’un sujet un outil pour 

permettre une reconstruction ou une relance de sa vie psychique dans un contexte de liens 

aux autres et à l’environnement, et montrer comment la reconstruction passe par le tissage 

de multiples enveloppes qui vont permettre au sujet de retrouver des éprouvés, des 

sensations, renouant ainsi avec le fil d’une histoire arrêtée. 

Il s’agit de voir en quoi et comment une famille d’accueil intégrée dans un dispositif peut aider 

à retisser le fil d’une histoire meurtrie, tenter d’en recoudre les trous, d’avancer l’œuvre de 

la croissance psychique. 

Comme le dit R. Scelles « se constituer comme sujet procède d’une perpétuelle relation 

dialectique entre réalité interne et réalité externe et implique le tissage de multiples 

enveloppes, la construction de multiples frontières et la création d’espaces de transition. » 

Adelaïde a 15 ans quand nous la rencontrons à l’hôpital de la Salpétrière où elle est 

hospitalisée en psychiatrie.  

Notre rencontre avec Adelaïde est d’abord une rencontre avec un parcours de vie très 

impressionnant pour cet âge. 

Adelaïde est née d’une relation de passage de sa mère avec un homme qu’elle n’a jamais connu. 

Pendant la grossesse, la mère d’Adelaïde est entourée de sa mère et de ses deux sœurs. Ce 

bébé est l’unique petit-enfant de cette lignée maternelle. Adelaïde vit seule avec sa mère, 

souvent confiée à sa grand-mère, jusqu’à l’âge de 4 ans. A cet âge, sa mère se marie avec un 

homme plus âgé qu’elle, haut fonctionnaire, qui l’adopte rapidement.  

A l’âge de 9 ans, lors d’une promenade d’Adelaïde avec ses parents, elle et sa mère sont 

fauchées sur un trottoir par une automobiliste. Sa mère en meurt et Adelaïde est rescapée 

malgré de nombreuses fractures qui lui ont valu plusieurs mois d’hospitalisation. 

A sa sortie d’hôpital, le père d’Adelaïde élève seul sa fille près du domicile grand-maternel. 

Celui-ci développe un délire paranoïaque, devient fou, déplace l’amour pour sa femme sur sa 

fille et abuse d’elle. Adelaïde occupe la place de femme et d’épouse au domicile. Le couple vit 

dans des conditions d’insalubrité extrêmes. Adelaïde est brillante en musique et en sport, 

entrainée par son père « tout ce que je sais c’est lui qui me l’a apporté ». 

La révélation des abus sexuels se fait dans le contexte scolaire où elle dit à l’infirmière qu’elle 

est enceinte. Elle avoue les abus sexuels. Le père est incarcéré. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 2 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

 2 

C’est là qu’elle est confiée à sa grand-mère maternelle. Va s’ensuivre une période de grande 

agitation d’Adelaïde qui va en s’amplifiant. Elle se met à développer un délire érotomaniaque 

sur un professeur et devient agressive à son égard. La vie quotidienne est complètement 

déstructurée et devient invivable pour sa grand-mère et sa tante qui partagent le même 

domicile. 

Adelaïde refuse tout soin, elle est hospitalisée en pédiatrie et c’est là que le psychiatre de 

notre service fait sa connaissance et va tenter de lui faire accepter un accueil dans un lieu de 

soins. Sa grand-mère n’arrive pas à signer l’hospitalisation d’office. Un signalement au juge va 

permettre qu’elle soit hospitalisée en urgence et contre son gré à la Salpétrière. 

Après quelques semaines d’hospitalisation, le psychiatre de notre service mise sur une sortie 

d’Adelaïde pour qu’elle soit accueillie au sein de l’AFT, accueil couplé d’un hôpital de jour. 

Adelaïde est accueillie chez un couple dont chacun d’eux a l’agrément et ils se partagent 

l’accueil de 6 jeunes filles à leur domicile. 

Ce passage vers une famille d’accueil est un pari. 

Dans cette situation, la référence théorique au concept d’enveloppe psychique et d’enveloppe 

groupale va nous aider à comprendre à quel niveau ce qu’elle a vécu au sein d’une famille 

d’accueil lui aura servi. Nous le comprendrons à travers cette réplique d’Adelaïde, qui, alors 

qu’elle se  met à l’épreuve de se séparer de notre dispositif, nous lance « est-ce-que j’aurais 

un mari ? », nous signifiant la sécurité, l’assurance de ne pas être seule que nous représentons 

pour elle. Avoir un mari, n’est-ce-pas le désir d’être entourée de quelqu’un pour la vie ?… 

Nous allons donc travailler avec Adelaïde sur la reconstitution d’une enveloppe psychique en 

tissant autour d’elle des couches successives d’enveloppe de soins. 

1- Le tissage des liens et la constitution de l’enveloppe institutionnelle : 

En premier chef, il nous faut décrire le dispositif de soins car comme le formule D. Houzel 

« le tissage de l’enveloppe institutionnelle est la condition pour que des processus 

thérapeutiques puissent y prendre place ». 

C’est le renforcement mutuel des enveloppes qui semble le plus important et qui permettra 

une continuité de la prise en charge, quand dans l’un des lieux Adelaïde se sentait mal, le 

recours à l’autre lieu était ressource. 

Quelques mois après son entrée en famille d’accueil, Adelaïde obtient son admission à l’hôpital 

de jour même si, elle ne considère pas comme malade et refuse de se soigner.  

C’est le couplage AFT-HdJ qui va être porteur. Nous avons imposé dans nos premiers 

échanges avec l’hôpital de jour la présence des assistants familiaux et axer notre travail sur 

le lien entre vie quotidienne, la vie institutionnelle et la vie psychique d’Adelaïde. Par la suite, 

les assistants familiaux étaient l’un et l’autre invités chaque mois à des réunions avec le 

psychiatre de l’hôpital de jour. C’est cette intrication entre ces deux lieux de vie d’Adelaïde 

et cet intérêt porté dans un va-et-vient entre l’intrapsychique et l’intersubjectif, autant 

visible au sein d’une institution de soins qu’au sein du domicile familial. Cette conjonction a été 

très propice à son évolution. 

Au moment où Adelaïde sort de l’AFT, elle poursuit sa prise en charge et sa scolarité au sein 

de l’hôpital de jour. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 3 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

 3 

De plus, une psychothérapie au CMP est engagée 4 mois après son accueil. 

Concernant le travail entre les membres de l’équipe de l’AFT et les familles d’accueil, les 

relations reposent sur un maillage des liens entre les assistants familiaux et les membres du 

service. C’est dans cette confiance qui se développe, dans cette connaissance que l’on partage 

de ce qui se joue dans les interrelations, dans ces bribes de savoirs théoriques dont ils 

entendent parler, dans ce questionnement constant entre ce qui se passe et ce qui retentit en 

chacun de nous, que ces familles peuvent devenir des acteurs soignants. Nous cultivons des 

valeurs communes et une perception commune du sens de la réalité psychique. Cette 

expérience est nouvelle et enrichissante pour les familles d’accueil. 

Dernier élément du dispositif, ce qui se passe entre la famille d’accueil et l’enfant accueilli. 

L’assistant familial et l’enfant sont en même temps dans une telle proximité de vie commune, 

de partage et dans une certaine distance et dépendance découlant du dispositif, que nous 

pouvons parler d’un véritable lien psychique qui se tisse entre eux au fur et à mesure de 

l’accueil. De fins et subtils liens se tricotent entre l’assistant familial et l’enfant au cours de 

l’accueil. 

Cet entremaillage entre soi et l’autre donne un sens à l’accueil pour l’assistant familial. Pour 

J.Puget (2), le lien est une condition indispensable pour qu’advienne un sujet. 

Nous pouvons nous représenter ce travail de lien comme un emboîtement d’enveloppes AFT- 

HdJ, service-familles d’accueil-enfant, liées entre elles par des membranes poreuses qui 

délimitent mais aussi relient soi et l’autre et soi et l’équipe. 

Ma collègue et moi fixons des rencontres avec Adelaïde chaque semaine à son domicile en 

présence des assistants familiaux. Adelaïde est confiée toute la semaine et rentre chaque 

week-end chez sa grand-mère. Les week-end sont difficiles, sa grand-mère ayant du mal à 

supporter ses conduites et à les cadrer. Le temps de week-end subira des modifications en 

fonction de ce qui s’y passe. 

Nous avons des rendez-vous réguliers avec la grand-mère et Adelaïde ou avec sa grand-mère 

seule.  

L’enveloppe qui se tricote entre la famille d’accueil, l’enfant, ses parents et les membres de 

l’équipe est soumise à des élargissements ou des rétrécissements et doit tout le temps de 

l’accueil penser ses limites comme des fils élastiques, en même temps souples et continus. 

2- Adelaïde : une enveloppe psychique décousue : 

Adelaïde est une belle jeune fille, soignée, les cheveux tirés en arrière et ralentie par le 

traitement médicamenteux, qui lui sera diminué progressivement. Elle marque par sa vivacité 

d’esprit, sa lucidité, sa pertinence et sa qualité d’énonciation. Nous aurons, malgré les hauts et 

les bas de l’accueil, toujours un vif intérêt à travailler avec elle. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 4 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

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Il a été pensé nécessaire le recours à une famille d’accueil dans sa dimension groupale et 

contenante pour tenter de restaurer auprès de cette jeune fille quelque chose de son 

enveloppe psychique abîmée par les traumatismes vécus. Sa croissance s’est trouvée bloquée, 

distordue du fait des traumatismes subis qui ont porté atteinte à son corps. Son enveloppe 

psychique s’est trouvée déchirée, trouée et elle a fait des tentatives limites, désespérées 

pour rattraper, récupérer son unité corporelle et sa relation aux autres. 

Je cite D. Anzieu « toute atteinte de l’enveloppe risque d’entraîner une confusion entre 

monde interne et monde externe et monde psychique et monde naturel ». 

C’est dans ce sens là que j’entends les intenses préoccupations hypocondriaques d’Adelaïde et 

ses angoisses corporelles dont elle nous fait part rapidement.  

Adelaïde ne délire pas mais est dans une grande incohérence dont témoignent des bizarreries 

et des troubles somato-psychiques. 

Elle souffre d’obsessions massives et d’angoisses qui invalident toute pensée. Cela prend la 

forme de « questions » qu’elle répète inlassablement et indifféremment à propos de son corps 

particulièrement : l’écoulement de l’urine (elle affirme ne pas aller aux toilettes, fait dans des 

récipients), ce qui s’écoule dans ses veines (dit avoir du sang bleu), son poids (elle se pèse 

plusieurs fois par jour), … Elle se sent menacée de perdre son identité. 

Son enveloppe psychique a perdue sa fonction première qui est selon D. Houzel «d’éviter 

l’éparpillement de ses objets internes dans un espace sans frontières et la capacité à lier 

entre eux les objets internes dans un ensemble cohérent ». 

Adelaïde nous plonge de suite dans un ressenti d’absences de limites corporelles. La peau 

comme surface ne délimite plus l’intérieur de son corps de l’extérieur et ne peut plus contenir 

ses éléments (sang, urine..) avec cette angoisse de les perdre. Elle veut vérifier ce qu’il en est 

de l’intérieur et de l’extérieur de son corps, ce qui en sort comme le tout-petit dans ses 

premières expériences de défécation. Elle montrera qu’elle a besoin de déposer ses contenus 

corporels dans des récipients, de trouver des contenants adéquats. 

Elle parle d’étrangeté (elle dira aussi qu’elle est une extra-terrestre), c’est sa façon à elle de 

se voir, cette inadéquation entre son psychisme et son corps qu’elle ne reconnaît pas comme 

valide et normal. 

Ces questions sont une recherche d’intégrité corporelle et psychique. 

Le miroir et le pèse-personne lui sont des objets indispensables. Ce sont des témoins 

révélateurs de possibles modifications où elle n’y voit que monstruosité (dans son reflet, elle 

se trouve énorme, elle trouve que son menton tombe…). Mais en même temps, c’est une 

recherche de sensations unifiantes. Elle se regarde dans le miroir non pas pour s’admirer mais 

pour avoir la certitude qu’elle existe, comme si cette image spéculaire lui renvoyait une 

sensation d’unité, d’intégrité.  

Selon le postulat de D. Anzieu, « ce qui est premier c’est la construction d’une limite dans 

l’appareil psychique » et on voit là combien il en a fallu passer par l’écoute des préoccupations 

d’Adelaïde et une attitude de réassurance permanente pour que peu à peu elle récupère une 

sensation de continuité corporelle qui lui a fait par la suite rire de ses premières angoisses 

par lesquelles nous avons commencé à travailler avec elle. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 5 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

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Les entretiens à plusieurs ont une grande valeur et vont aider à reconstruire une limite qui 

servira de support à la signification de son fonctionnement psychique. Les sensations 

corporelles impensables ressenties par Adelaïde peuvent être contenues dans une activité de 

pensée groupale (selon Bion) et ont quitté leur caractère étrange, quasi-hallucinatoire, pour 

être intégrées dans une articulation entre le pensé et le perçu. 

Il s’agira chez elle de ce point de vue d’une véritable métamorphose. 

Peu à peu, son monde intérieur dont elle parle lui semble étrange. Peu à peu, ces angoisses 

liées à des vécus profondément cahotiques et qui font référence à des images kinesthésiques, 

proprioceptives vont céder la place à des représentations mentales plus organisées. 

3- La problématique d’Adelaïde : le besoin d’être entourée en permanence, 

le besoin de se sentir aimée : une enveloppe sans failles 

Adelaïde nous dit en début d’accueil : « je suis fragile » et « j’en serais pas là si ma mère 

était là », elle nous dit là comment notre travail se situe au regard de ce défaut d’absence de 

la mère. 

Dès les premières visites à domicile, Adelaïde fait appel à l’amour de l’autre et la peur de le 

perdre. 

Je comprends qu’Adelaïde, comme le dit D. Anzieu, « lutte pour construire ou réaménager la 

relation avec le monde extérieur ». 

Nous allons tous devenir « des mères potentielles » pour Adelaïde. 

Lors du passage de l’hôpital à la famille d’accueil, Adelaïde envoye clandestinement des 

courriers ou des appels téléphoniques au médecin chef du service dans lequel elle était 

hospitalisée, qui l’inquiète par leur contenu. Dans ses courriers, Adelaïde dit qu’elle l’aime, 

qu’elle voudrait qu’elle la reprenne… Le contenu et la façon de procéder ressemblant à ce 

qu’elle avait fait avec son professeur au temps où elle était encore scolarisée. 

Ce médecin destinataire de ces courriers parle de réhospitalisation d’Adelaïde mais notre 

service résiste à un retour en arrière.  

Adelaïde est dans une quête affective incommensurable et toujours insatisfaite. Elle ne peut 

supporter qu’une personne qui l’aime lui pose des limites et toute remarque à son encontre 

remet en question les sentiments qu’elle peut avoir pour cette personne ou ceux même qu’elle 

projette sur celle-ci. Pour elle, ses sentiments ne peuvent être nuancés et s’expriment par 

« je t’aime ou je te déteste ». Et si elle aime, cet amour est inconditionnel. 

Adelaïde développe également sur ma collègue une fixation d’un amour de type maternel, qui 

l’entraîne à écrire des lettres, faire des demandes d’être prise dans les bras et des appels 

téléphoniques anonymes. Mais ces demandes ne restaient pas sans réponse, réponse qui 

signifiait à Adelaïde que ses demandes existaient.  

Adelaïde recherche cette limite perdue dans l’expérience affective du contact corporel 

(demande d’être prise dans les bras), cette demande n’est pas à entendre comme celle d’un 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 6 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

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être sexué et situé mais comme une demande d’une expérience émotionnelle de se sentir 

enveloppée, portée, au sens du holding de Winnicott. Ce qui insécurisait Adelaïde c’est qu’on 

puisse entendre le contenu de ses demandes comme réel et qu’on y oppose de la distance. 

L’amour, elle ne sait pas ce que c’est ou il y a longtemps. C’est une question bien floue pour elle 

et qu’elle ne cesse de nous poser : l’amour de qui pour qui ? l’amour ou l’abus ? l’amour ou 

l’adoption ? Aimer, c’est se perdre, c’est mourir… Elle dit ou écrit « j’ai envie de me suicider 

tellement je vous aime », « c’est normal de souffrir quand on aime ». 

Puis d’autres personnes vont être l’objet de ses demandes répétées… Elle trouve toujours une 

personne qui incarne cette figure obsédante qu’est pour elle la mère. 

Une nouvelle figure d’attachement s’installe durablement pour Adelaïde : une jeune fille qui 

vient de quitter l’hôpital de jour. Elle fixe toute son attention sur elle depuis qu’elle en est 

partie. Leur histoire va la mettre très mal. Cette jeune fille devient un objet d’amour convoité 

et interdit ; elle va la voir en cachette, prétextant qu’elle va en voir une autre et va 

développer des conduites de harcèlement. Elle en est comme hypnotisée. 

Nous voyons là, comme ça l’a été pour le médecin de l’hôpital, la nécessité pour Adelaïde de 

garder un lien vivant, aimant avec la personne qu’elle quitte et de garder quelque chose de bon 

en elle ; on peut dire que ce n’est que parce qu’elle l’a quitté que celle-ci devient un objet 

d’investissement narcissique. Comme si il s’agissait d’annuler la séparation. 

Cette mère tant recherchée va être trouvée à travers plusieurs figures et représentations 

féminines rencontrées.  

Il y a aussi la mère de la réalité qui, dans la prise en charge dans la famille d’accueil, 

confronte Adelaïde aux limites d’une mère aimante, celle qui protège, qui interdit, qui frustre. 

C’est cette conjoncture qui va tenter de construire en elle une représentation d’une image 

maternelle bonne, aimante et continue. Elle fait ainsi l’expérience qu’elle est reliée en continu 

à un autre aimant. 

Maintenant, elle nous parle de ses rêves, où il est question d’un contenant mal ajusté au 

contenu ou d’un contenu ne pouvant pas être contenu, en témoignent ces rêves « l’assistante 

familiale la retient dans son lit », « qu’on la serre dans ses bras », « qu’elle pèse 90 kg » ou 

encore « de fourmis dans son lit ». 

La question centrale d’Adelaïde est celle de la vérification, elle a besoin que lui soit renvoyé 

quelque chose de ce qu’elle est ou fait, qu’elle existe pour quelqu’un. 

Ainsi, la façon de procéder pour ne pas être dévoilée passe par l’élaboration de plans dans 

lesquels toute son énergie est absorbée pour arriver à son but. Adelaïde est toujours étonnée 

que ses plans soient déjoués et ne comprend pas comment les autres découvrent qu’elle en est 

l’auteur. Elle veut qu’on lui prouve par des faits que c’est elle qui agit. Elle a besoin d’en passer 

par des éléments tangibles, palpables pour croire en la réalité. 

Le téléphone portable, qui devient aussi un objet de fixation, est celui par qui elle attend 

qu’on lui témoigne de l’amour. Elle passe son temps à attendre un éventuel appel.  

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 7 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

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Elle nous dira qu’elle a peur qu’on l’oublie ; peut-être est-ce une peur qu’elle s’oublie elle- 

même ?  

4- Les premiers liens d’Adelaïde : l’enveloppe résiste aux tentatives de 

déchirement : 

Ainsi solidement entourée, Adelaïde va faire des liens entre sa vie actuelle, les actes posés 

par la famille d’accueil et ses expériences du passé qui lui reviennent sous formes d’images, de 

souvenirs et qui vont peu à peu se lier entre eux et lui permettre une certaine position 

régressive. 

Dans le même temps où elle évoque avec insistance ses angoisses, elle commence à évoquer son 

passé et sa vie de petite fille, ce qu’elle fera avec toujours une grande finesse du détail. On 

découvre alors qu’Adelaïde petite fille avait déjà des manies, que c’était une enfant agitée, 

difficile à frustrer, vivant sans règles.  

Nous découvrons que tout dans la vie quotidienne est à apprendre. Adelaïde est très 

négligente, ne range rien, tout est mélangé, le sale avec le propre. Au niveau de l’alimentation, 

elle mélange tout, le sucré, le salé, l’entrée, le plat, commence et ne finit pas… Tel un tout- 

petit qui ne sait apprécier par lui-même l’ordre et le choix.  

Sa grand-mère peut décrire Adelaïde comme une petite fille exigeante, possessive qui pouvait 

déborder sa mère. Adelaïde se souvient des coups de martinet qu’elle recevait quand elle 

faisait des bêtises ou quand elle avait de mauvaises notes à l’école. 

En lien avec sa relation à ses figures parentales, Adelaïde a besoin de faire l’expérience de la 

solidité du lien qui l’unit aux assistants familiaux.  

La relation à l’assistante maternelle est particulièrement empreinte des projections 

ambivalentes d’Adelaïde. Elle teste sa capacité à l’aimer et à résister à ces réminiscences de 

son passé. 

La famille d’accueil la cadre très fermement, y compris physiquement. Elle provoque des 

discussions vives dans le couple qu’ils n’ont jamais connues auparavant. 

L’accueil va osciller entre des périodes d’angoisse et des périodes de sérénité 

successivement, et par des moments de grand abattement et des moments de grande 

excitation, sans que l’on puisse le relier avec des éléments de la vie quotidienne. 

Les week-end chez sa grand-mère sont sources d’angoisse (Adelaïde dort avec elle, se pèse 

toute la journée…) Nous décidons de réduire le temps chez sa grand-mère, ce à quoi Adelaïde 

va réagir vivement, elle devient agressive, ne respecte plus les règles, régresse (salit ses 

culottes), fait des colères de petite fille et cherche une limite contenante, même 

physiquement. Elle élabore un plan pour mettre en péril le placement. Avec un peu de recul, 

elle associe avec sa peur qu’elle avait à 8-9 ans à rentrer chez elle après avoir eu une mauvaise 

note et aux coups de martinet donnés par sa mère. 

Après cette période de remous, elle évolue favorablement et peut devenir confiante dans le 

dispositif qu’elle trouve très soignant pour elle. Elle éprouve des moments de bien-être qu’elle 

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S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

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associe aux moments de retrouvailles avec sa mère quand elle en était séparée après une 

journée. 

Dans les périodes très difficiles au domicile, où elle est en prise avec ses angoisses, Adelaïde 

ne respecte plus aucune règle. Elle refuse de prendre son traitement, de quitter son portable 

qui est porteur d’angoisse pour elle…Mais en même temps, ces questionnements sont 

pertinents, elle veut voir les choses bouger et a peur de revenir en arrière… 

L’assistante maternelle est prioritairement attaquée dans sa fonction maternelle, Adelaïde 

l’accuse de ne pas vouloir son bien, de ne pas l’aimer…au point où l’accueil est menacé, la 

famille d’accueil pourrait envisager de remettre en cause l’accueil.  

Peu à peu les relations au sein de la famille s’apaisent. L’un et l’autre assistant familial se 

relient dans leur tâche et s’épaulent mutuellement. 

Le travail de la famille d’accueil passe par l’énonciation de limites, faisant signifier à l’enfant 

que l’assistant familial ne peut plus le suivre sans se perdre lui-même dans un état ou une 

situation non maîtrisable, d’incompréhension, de peur ou de souffrance. La limite est donnée 

par le principe de réalité qui s’applique au sein de la vie familiale  plus qu’ailleurs, les familles 

devant composer avec les données de la vie quotidienne concrète. L’externalisation du monde 

interne de l’enfant se trouve ainsi limité et confronté au principe de réalité. 

Les entretiens prennent une autre tournure. Elle devient très lucide sur ses préoccupations et 

se questionne sur son état de souffrance. Les choses qui ne se déroulent pas comme elle le 

souhaite sont l’objet de surenchère anxieuse. Ses relations sont toujours dans le tout ou rien, 

oscillant entre le collage et le rejet agressif. Elle va même jusqu’à harceler pour reprendre un 

contact.  

Nous réalisons que son lien premier à sa mère a dû probablement être défaillant ou 

insécurisant. 

C’est par leur résistance que les assistants familiaux, figures attaquées et critiquées, 

permettent à Adelaïde de s’apaiser et de pouvoir compter sur la solidité de leur couple. Le 

lien se vérifie continu. 

Tout en même temps que se maintient l’idéalisation d’une mère forte et cultivée, elle peut 

critiquer sa mère, notamment de lui avoir donné un père si rapidement. Elle nous dit s’être 

toujours sentie privée de sa mère et exprime son vécu de déception d’une mère qu’elle 

attendait toujours. 

5- Adelaïde se met à l’épreuve de la séparation : l’enveloppe va disparaître 

Adelaïde peut parler de sa souffrance non plus à travers ses plaintes hypocondriaques mais à 

travers ce qu’elle interroge de son lien à ses parents. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 9 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

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Adelaïde va traverser toute une période où parallèlement au travail de séparation psychique 

d’avec la figure maternelle, elle est confrontée à la présence insistante de la jeune fille en 

elle.  

L’aspect ambivalent de la relation à l’autre fait jour, les affects agressifs peuvent s’exprimer. 

Adelaïde devient critique envers sa mère, dit s’être toujours sentie révoltée par sa mère dont 

elle juge l’investissement comme insuffisant. 

Elle peut exprimer de la colère dans l’actualité de la situation face à sa grand-mère qui lui 

refuse quelque chose, autant que dans la reviviscence de situations avec ses parents. Elle sait 

aussi que sa mère avait demandé à sa propre mère de garder sa fille si elle devait partir en 

province, à l’issu d’un concours.  

Elle nous dit que jusqu’au dernier moment avec sa mère, juste avant l’accident, elle a voulu 

savoir quel intérêt celle-ci lui portait. L’histoire s’est arrêtée sur cette question pour elle : 

suis-je aimée de ma mère et l’attente d’une réponse à cette question existentielle qu’elle ne 

fait que répéter à d’autres. Le traumatisme est là contenu dans l’attente de cette réponse. 

Elle focalise toute son attention sur sa copine qui pourrait physiquement avoir certains traits 

communs avec sa mère et qui est une enfant adoptée. Elle attend d’elle quelque chose que 

celle-ci ne peut lui apporter. Quand ses angoisses sont là, elle repense obsessionnellement à 

sa copine.  

L’image d’une mère bonne et inaccessible revient pour l’aider à élaborer la relation 

ambivalente à son objet d’attachement et pour lutter contre son angoisse d’être confrontée à 

la réalité. Cette image d’une mère bonne et inaccessible revient pour colmater une faille, 

quand elle anticipe la douleur de la séparation.  

Adelaïde se met à l’épreuve de quitter ce qui l’entoure. 

Elle se lance des défis, des mises à l’épreuve qui l’insécurisent (par ex. de ne plus poursuivre 

l’HdJ). Elle ne peut pas les tenir et se sent mieux dès qu’elle accepte qu’elle ne puisse pas les 

tenir. 

Avec ses copines, elle craint toujours de perdre leur amitié. Elle projette la rupture, ce 

qu’elle redoute et provoque par ces comportements harcelants. Comme si les conflits 

rendaient les ruptures définitives. Elle exprime sa peur de s’engager affectivement par peur 

de perdre ceux qu’elle aime. 

Un fait va engager Adelaïde sur la voie de la sortie. Une jeune fille qu’elle apprécie beaucoup 

part de la famille dans des conditions non préparées et non adaptées à sa situation. A travers 

le départ de cette jeune fille, elle va revivre les sentiments jusqu’à bloqués relatifs à la perte 

de ses parents.  

Adelaïde pleure à en être inconsolable, au point d’en demander l’hospitalisation (la perte est si 

douloureuse qu’il faut être hospitalisée). Elle nous dit souffrir comme pour la mort de sa mère 

et quand elle était tapée par son père. 

La séparation est vécue à travers son aspect traumatique. 

S’amorce une période de changement qui doit la conduire à quitter la famille. 

Elle se fâche et dit qu’elle veut partir. Une colère explose démesurément avec l’assistante 

familiale quand celle-ci se montre trop bonne mère.  

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 10 

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Peut-elle quitter quelqu’un qu’elle aime sans conflit, sans rupture ? La séparation ne peut avoir 

lieu en reconnaissant son désir à elle de se séparer. Elle projette sur l’assistante maternelle 

cette image de mauvaise mère pour pouvoir la quitter, préférant penser qu’elle en soit rejetée 

plutôt que de prendre l’initiative de quitter. 

Cette démarche est d’autant plus compliquée qu’elle découvre dans le même temps des 

carnets intimes écrits par sa mère où des aspects cachés de sa mère lui sont dévoilés et 

notamment ses difficultés à être mère. Elle découvre une mère déprimée qui cache beaucoup 

de ses sentiments. Ces carnets restent secrets et il n’est pas possible d’accompagner 

Adelaïde dans sa lecture. 

Adelaïde va se sentir seule, perdue, pas comprise… 

Elle s’en prend à l’assistante familiale, tout ce qui vient d’elle est interprété comme mauvais, 

elle l’insulte, devient menaçante, lui répète qu’elle lui dise qu’elle veut qu’elle parte ; celle-ci 

hésite à lui parler et tend à s’éloigner pour ne pas attiser sa haine.  

Et en même temps, Adelaïde a besoin de toucher affectueusement L’assistante familiale en 

l’appelant « petit bout de choux », la sentant fragile. Les gestes physiques de toucher, de 

caresser les cheveux sont presque automatiques et deviennent pour ceux qui les subissent 

déplaisants, la limite avec l’autre n’étant plus reconnue. 

Elle lutte contre la présence maternante de l’assistante familiale à son égard qui est jugée 

comme trop bonne et de laquelle elle doit pouvoir se défaire. Adelaïde dit « qu’elle doit être 

autonome », elle ne dit plus qu’elle est malade, bien qu’elle retrouve des sensations d’éprouvés 

de souffrance dans son corps. 

Elle se rappelle combien se quitter fait mal dans le corps. 

Adelaïde risque à tout moment de rompre l’accueil.  

Elle nous dit vouloir retourner vivre chez sa grand-mère. Elle fait l’économie de l’élaboration 

du lien à sa grand-mère, dont nous ne pouvons à peine parler, pour pouvoir retourner vivre 

chez elle, son unique famille comme elle nous le dit bien souvent. 

« Est-ce-que j’aurais un mari ? » nous dit Adelaïde, voulant nous demander si elle peut trouver 

ailleurs ce qu’elle a eu là, disant qu’elle aura toujours des problèmes d’ordre psychologique.. 

Nous pouvons l’entendre dans le transfert comme une nécessité encore actuelle pour elle 

d’être entourée, soutenue et de son incapacité encore actuelle à se séparer psychiquement de 

son objet interne. 

Elle répète qu’on ne l’aime pas, qu’elle est seule, sans famille. 

Ses peurs sont réactualisées dans la perspective de ne plus être ni portée, ni protégée par 

notre dispositif. Qui va prendre soin d’elle ? 

Elle dit son désir de redevenir petite fille, de retrouver des liens sensoriels, les sensations de 

l’état mère-bébé (corps câliné) et en même temps lui reviennent deux scènes où elle est à la 

montagne avec son père et où son corps est maltraité : elle se rappelle la pluie sur son corps 

quand épuisée de fatigue, elle fait une crise de spasmophilie et la gifle reçue de son père 

quand très inquiète de ne pas le voir revenir, elle appelle les secours et ce qui s’en suit, sa 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 11 

S. LOEB L’histoire d’Adelaïde : du traumatisme à la restauration de sa vie psychique 

 11 

demande qu’elle aille dans son lit et la première fois où elle refuse ; c’est après cet épisode 

qu’elle alertera le collège. 

Sa relation à son père dans laquelle elle va jusqu’à l’insupportable, jusqu’aux menaces de mort, 

rappelle la façon dont elle va jusqu’à épuiser l’autre dans sa demande. Elle va jusqu’à entendre 

dire qu’on ne l’aime pas. 

Il faudrait lui prouver qu’elle est aimée, ce qui n’est pas possible. Sa logique nous pousse à ce 

qu’à la fin, elle trouve de quoi alimenter le fait de ne pas se sentir aimée. Là, elle reçoit la 

preuve qu’elle n’est pas aimée. 

C’est dans l’absence qu’elle n’est pas un objet aimable, elle ne se représente pas avoir eu une 

mère aimante, et donc pas d’avoir été un bébé aimable. 

Adelaïde nous adresse « Mais vous, vous n’étiez pas là quand j’ai vécu avec mon beau-père, j’ai 

supporté », ce qui peut tout autant signifier qu’on aurait dû être là avant pour la protéger et 

qu’en même temps elle a pu survivre avant qu’on ne soit là.  

Partir de la famille d’accueil est un défi.  

« Serais-je heureuse un jour ? » nous dit Adelaïde. 

Elle nous interroge sur ce qu’on ressentira en son absence « est-ce-que vous vous ennuyez de 

moi ? » Est-ce qu’elle peut continuer d’exister pour l’autre dans la séparation, dans l’absence ?  

Sa dernière question d’une longue série de questions, « Où allez-vous me mettre ? » nous 

montre qu’elle n’est pas affranchie de l’aide et de la dépendance à notre dispositif. C’est aussi 

comme si elle ne pouvait pas prendre la responsabilité de son choix de retourner vivre chez sa 

grand-mère. 

Le travail d’élaboration psychique n’est pas fini pour elle et se poursuit encore dans sa 

psychothérapie. Mais une première étape essentielle a été franchie, celle de pouvoir, à 

travers les éprouvés qu’elle a retrouvé dans la vie en famille et dans une dynamique de va-et- 

vient entre corps et psyché, retisser la toile de fond sur laquelle elle a à continuer d’évoluer. 


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M. DUFOUR, M. GENNHAM, C. BOSONETTO, Dr M. BERNARD  

L’alchimie d’une rencontre : d’une vie en lambeaux à un patchworkrevitalisant 

Muriel DUFOUR

Infirmière, Equipe hospitalisation G01, Centre Hospitalier de la Région d’Annecy 

Marie GENNHAM

Infirmière, Equipe CMP G01, Centre Hospitalier de la Région d’Annecy 

Chantal BOSONETTO

Infirmière, Equipe AFT, Centre Hospitalier de la Région d’Annecy 

Dr Madeleine BERNARD 

Psychiatre, Annecy 

 

 AXE n°2 « DIVERSITE DES ENVELOPPES » 

L’alchimie d’une rencontre : 

D’une vie en lambeaux à un patchwork revitalisant1 

(Une typographie différenciée a été choisie afin de rendre à chacun des intervenants 

leurs propos et leur forme, ainsi que le récit singulier de leur rencontre avec Patrick) 

Description physique 

Patient trapu de taille moyenne 

Allure décontractée 

Visage rond, accueillant 

Interpellant l’autre par le regard, par des regards et non une verbalisation 

Histoire de vie 

Patient âgé de 49 ans, originaire du Loire et Cher. Est issu d’une fratrie de 9 enfants (5 

frères et 4 sœurs). 

Enfance marquée par différents placements en famille d’accueils avec 3 autres frères et 

sœurs. Semble avoir été pris en charge très tôt (2 ans) par les services de la DASS suite à 

une précarité et déficience du milieu familial. 

Au moment de l’adolescence, accueil par un frère aîné ainsi que 2 de ses frères et sœurs. De 

nouveau séparation, lorsqu’il débute un apprentissage de cuisine et orienté sur un autre 

département (Haute-Savoie. 

Actuellement, sans aucun lien avec sa famille d’origine bien que Patrick pense que ses parents 

soient toujours en vie. 

                                                

1 

 Le travail que présente l’équipe d’Annecy est le fruit de 9 mois de rencontres pluridisciplinaires et « inter-unités » (CMP, 

Hospitalisation, AFT) encadrées par Sylvain Lecoin, psychologue de l’unité d’AFT d’Annecy, et le Dr Madeleine Bernard. Au-delà 

des intervenants, nous souhaitons également associer Mmes Nadine Vaccari, Sylvie Martin, Chantal Bordon, Michèle Ciosi et 

Roselyne Allain, infirmières à l’hôpital d’Annecy, à cette contributiuon. Elle relate le parcours de vie et de soin de Patrick, accueilli 

depuis 2 ans en famille par Mme D. 

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Pas de diplôme professionnel mais une formation de CAP de cuisine. IL semble avoir travaillé 

quelques années dans ce domaine (dernier emploi de Janvier 96 à Septembre 97 – commis de 

cuisine. 

Il reste difficile d’obtenir des dates précises de ces périodes de travail. 

Marié pendant 15 ans à une femme réunionnaise : 3 filles issues de cette union : 

  Christine âgée actuellement de 19 ans 

  Angélique : 16 ans 

  Mélanie : 12 ans. 

Divorce en 98, plus de droits de visites suite à des violences verbales. 

Perte des droits parentaux ? 

On peut noter beaucoup de trous, d’incertitude dans son parcours de vie : 

  Oubli ? 

  Déni ? 

  Problèmes cognitifs ? 

  Séquelles liées à son problème d’alcool ? 

Patrick semble avoir beaucoup de mal à mettre en mots sa vie « d’avant ». Le 

« questionnement » et discours « soignant » étant vite perçu comme intrusif et persécutoire. 

Histoire de la maladie 

Patrick est connu depuis 2001 en psy. Première hospitalisation en HL, suite à un syndrome 

dépressif avec alcoolisation massive. 

Patrick vit seul en foyer Sonacotra et sans emploi depuis son divorce. Puis vont suivre de 

nombreux allers-retours entre l’hôpital et le foyer : les alcoolisations et les épisodes 

dépressifs s’amplifient de plus en plus. 

Lors des différentes hospitalisations, Patrick est très rapidement asymptomatique sur le 

plan éthylisme et comportement ; cependant la problématique dépressive et des conduites 

addictives n’a pas été résolue. 

Fin 2003, malgré des soins et un accompagnement permanent, une psychothérapie de soutien 

et des psychotropes, Patrick n’arrive plus à gérer son quotidien. Il souhaite un éloignement 

du Foyer Sonacotra et révèle qu’il est victime de RACKET et semble être dépossédé depuis 

de nombreux mois de son compte bancaire. 

Nous rencontrons Patrick pour la 1ère fois en Mai 2001 dans la chambre qu’il occupe alors au 

Foyer. Nous notons un contraste saisissant entre la décoration très personnalisée et 

chaleureuse de son intérieur et son apathie. 

L’entretien est laborieux, il s’exprime peu, nos questions sur son histoire le dérangent et 

rapidement il devient évasif « je ne sais plus » voir réticent « je n’ai pas envie d’en parler ça 

fait trop mal ». Nous lui proposons des activités qu’il refuse, puis trouvant toujours porte 

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close, nous interrompons nos visites. Nous les reprenons en Juin 2002 à la demande de la 

responsable du Foyer qui s’inquiète de ses fréquents passages aux Urgences, de ses plaintes 

multiples et de ses alcoolisations massives. 

Notre intervention sera désormais hebdomadaire et visera à aider Patrick dans la gestion du 

quotidien :  

- préparation d’un pilulier ; 

- accompagnement chez le psychiatre ; 

 - mise en place de livraison de repas à domicile. 

Pendant plusieurs mois, Patrick nous attend chaque semaine toujours aussi peu communiquant 

mais moins souffrant : pas d’hospitalisation, moins de passages aux Urgences, des 

alcoolisations « modérées ». 

En fin d’année il participe à nos sorties et y prend grand plaisir. Mais, début 2003, Patrick 

s’alcoolise davantage et n’arrive plus à entretenir sa chambre. 

Après une cure de désintoxication en avril, ses plaintes sont centrées sur un sentiment de 

solitude pesante et douloureuse. 

Patrick participe maintenant à différentes activités mais a souvent besoin de s’alcooliser 

avant. 

Puis la situation se dégrade. Patrick n’ose plus sortir car il est de nouveau persécuté par un 

résident. Il s’ensuit un isolement important avec des alcoolisations plus fréquentes et plus 

massives accompagné d’un désinvestissement important de sa chambre (incurie) qui le met en 

danger. 

Il est alors hospitalisé à plusieurs reprises et son maintien au Foyer devient de plus en plus 

problématique. 

Mais quel projet de vie lui conviendrait ? 

C’est en visitant une patiente placée en famille d’accueil dans une ferme que ce mode de prise 

en charge pourrait correspondre aux besoins de Patrick. 

C’est à cette période que sont élaborés 2 projets pour lui : 

  - l’appartement associatif ; 

  - l’accueil familial thérapeutique ; 

L’orientation vers un appartement associatif n’a pas été retenue. Il ne semblait pas judicieux 

de replacer Patrick dans ces conditions proches du Foyer : 

 - manque d’aide et d’étayage personnel au quotidien ; 

 - risque majeur d’isolement affectif et social avec rechute alcoolique. 

L’accueil familial thérapeutique semblait plus approprié : 

 - étayage au quotidien ; 

 - permettre à Patrick de restaurer, vivre des expériences familiales autres que celles 

connues dans l’enfance et sa vie maritale. 

L’équipe espérait également trouver une famille d’accueil maternante, chaleureuse et 

protectrice contre les tentations d’alcool. 

   

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Cependant flottaient quelques inquiétudes au sein de l’équipe : 

 - reviviscences liées à l’accueil familial de son enfance ; 

 - violences possibles que Patrick pourrait exercer sur des enfants et la situation 

potentiellement régressive qu’il vivrait alors. 

 

Fin janvier 2004, l’équipe d’AFT reçoit le dossier de candidature de Patrick. Après lecture et 

évocation des points à approfondir (ses alcoolisations encore d’actualité et la perte de ses 

droits parentaux avaient alimentées quelques fantasmes dans notre équipe), nous partons à 

sa rencontre.  

Très rapidement, sa bonhomie, son perpétuel sourire qui accompagne des propos, soit 

tristounets quand il évoque sa solitude, soit pleins d’espoir quand il parle de ce projet de 

vivre dans une famille, soit de craintes du non-aboutissement possible, relèguent nos 

réticences dans un coin de notre tête. Notre équipe adhère avec un entrain certain à ce 

projet et cherche parmi les places disponibles laquelle est la plus en adéquation. 

Tout aussi rapidement, le choix de la famille d’accueil est unanime : ce sera celle de Mme D. 

Elle se compose de la mère de famille et de ses 4 enfants (18,15, 9, 7) , élargie à ce moment 

là, à une grand-mère et un grand-père  habitant à proximité. Mme D et ses enfants vivent 

dans un lieu-dit au dessus du village de Thorens, une maison fort isolée au bout d’un chemin 

malaisé. Depuis avril 1999, Maria, une patiente de 49 ans est déjà accueillie dans cette 

famille, et de forts liens d’attachement se sont noués. Mme D. fait de l’élevage de chiens, 

possède des chevaux et en prend d’autres en pension, la ferme abrite également lapins et 

volailles diverses et variées. 

A cette époque là, la famille D. vit des moments difficiles avec une succession d’arrivées, de 

départs, de retours et de re-départs définitifs cette fois. La grand- mère qui habitait un 

appartement dans le logement familial, était repartie en région parisienne s’occuper de son 

mari (dont elle était séparée depuis plusieurs années) souffrant d’Alzheimer. Ils sont 

revenus quelques mois après s’installer à Thorens. Le mari de Mme D., parti peu de temps 

après la naissance de sa dernière fille, est revenu s’installer dans sa famille, le temps de 

faire des projets et de disparaître à nouveau, laissant les siens en plein désarroi. Nous avions 

fait le choix de continuer de collaborer avec cette famille, il était important que tout ne 

s’écroule pas en même temps et Mme D. par sa façon de gérer ces crises, nous avait rassurés 

sur ses capacités d’accueil. Mme D. malgré cette période douloureuse parvient à maintenir 

une cohésion familiale chaleureuse et ouverte, et un repère stable dans les allers-retours de 

Maria, la patiente accueillie 

La première rencontre entre Patrick et Mme D. à lieu  dans le service  hospitalier. Ils ont le 

choix des places, mais entourées des représentants de l’A.F.T. et des soignants de Patrick, 

ils s’installent l’un à coté de l’autre. Ils font connaissance doucement, n’ayant pas l’air d’avoir 

besoin de nous pour cela. Mme D. protége déjà Patrick des interventions soignantes 

déstabilisantes et un peu trop harcelantes à son goût. 

Une première visite chez Mme D. donne encore plus de consistance à ce projet. Il a hâte de 

commencer.  

Dans la foulée, une période d’essai de 15 jours est décidée. Au terme de celle-ci, le bilan est 

positif, et les 2 jours qu’il doit passer à l’hôpital pour faire le point avec son médecin lui 

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semble déjà fort longs. Mme D. attend également sa venue, ainsi que sa petite famille qui le 

trouve très sympathique, gentil… 

Très rapidement Patrick a emménagé. Il est passé d’un espace contenant (l’unité psy) à un 

autre (la famille d’accueil). 

Le séjour commence véritablement. Celui-ci n’est pas un long fleuve tranquille du fait des 

aléas familiaux de Mme D. et des siens, mais Patrick vit toutefois des expériences 

heureuses : il a la responsabilité des lapins, observe et participe à une vie familiale remuante 

avec ses joies et ses peines. D’autres expériences sont plus douloureuses : le décès brutal de 

Maria (la patiente accueillie) qui a eu lieu au domicile de Mme D. a beaucoup affligé la famille 

et Patrick a pu mesurer l’attachement qui existait entre tous. Plus tard, une courte absence 

de Mme D le confronte à une angoisse d’abandon et le fait céder à un vieux démon : l’alcool. 

Mme D. en toute occasion reste présente pour lui, ne juge pas, explique, écoute, mais ne 

change pas ses occupations, ni ses projets, est simplement plus vigilante, plus attentive à ses 

réactions. Ainsi, les vacances de Noël que prend la famille, bien qu’étant une séparation 

douloureuse pour lui, n’est pas destructrice.  

Cela va petit à petit l’amener à faire des projets également : aller seul à Anneçy, prendre lui 

aussi des vacances. Même si ces démarches ne se font pas sans inquiétudes (surtout au 

début..), il se sent accompagné par l’attitude bienveillante de Mme D. et sa confiance 

l’encourage. Ainsi à une époque où Mme D . a été souffrante, il a été un soutien pour elle dans 

les tâches quotidiennes et auprès d’un autre patient accueilli entre temps. Le fait également 

de partager une vie familiale avec une mère et ses enfants déçus par un mari et un père, il 

s’interroge sur la sienne et sur le devenir de ses enfants. Il leur écrit 

Ce lieu de vie correspond à son univers, il y trouve sa place, s’occupant des animaux et du 

bois. « Je revis », nous dit-il et nous le constations à chaque nouvelle visite. 

La famille est accueillante et reçoit souvent des amis ce qui contribue à élargir 

l’environnement social de Patrick. 

Il se charge avec plaisir d’un nouvel accueilli. 

Très peu de temps après son placement, Patrick va vivre une crise aiguë d’angoisse avec 

alcoolisation ; Ceci à l’occasion de l’absence de Mme D. pour la soirée : sentiment très fort 

d’abandon : peut être Patrick a-t-il fait un transfert amoureux sur Mme D. en tant que 

femme et mère ? 

La dédramatisation, la consultation rapide après l’évènement, les VAD, les échanges avec 

Mme D. (qui ne considérait pas cet évènement comme quelque chose de dramatique) ont 

permis à Patrick de prendre encore plus confiance en ce projet, ressentant l’étayage et le 

soutien des soignants ainsi que de la famille. 

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Autre fait marquant ; lorsque Mme D. est tombée malade et a due restée alitée, Patrick a 

assumé seul et de façon très adaptée certaines responsabilités (travaux de la ferme). Il 

semble avoir trouvé une véritable place dans la famille. 

Lors du décès d’une résidente, il peut constater à travers le deuil douloureux de la famille, 

l’attachement durable être réel qu’elle éprouve pour ses « accueillis ». 

Souhaitant reprendre contact avec ses filles, il profite des fêtes de fin d’année pour leur 

écrire, nous sollicite pour l’aider à rédiger ce premier courrier et malgré l’absence de 

réponse persévère maintenant seul dans cette démarche. 

Après une année, Patrick s’autonomise, prend seul le car et le bus pour participer à nos 

activités puis juste pour son plaisir. 

Il fait l’acquisition d’un téléphone portable pour pouvoir joindre son accueillante et décide de 

partir en voyage durant les vacances de la famille. 

Pour ses dernières vacances il choisit de découvrir la mer et à notre surprise nous envoie une 

carte postale. 

A son retour, très fier de nous montrer son album photos, il nous dit s’être senti en décalage 

vis à vis des autres vacanciers qu’il trouvait « pas très dégourdis » mais souhaite malgré tout 

renouveler cette expérience. 

Depuis, poursuivant son processus d’émancipation, Patrick nous surprend en annonçant lors 

d’un entretien avec son psychiatre « je ne resterai pas toute ma vie dans cette famille, je 

veux retravailler ». 

L’accrochage s’est réalisé, hors de toute rivalité, grâce à l’adhésion du plus grand nombre au 

projet, par l’absence de désir d’emprise de soignants envers Patrick, le positionnement de la 

famille qui a autorisé Patrick à prendre sa place et qui ne s’est pas placée en rivale des 

équipes. 

L’accueil de Patrick dans une famille malmenée par la vie, suffisamment  éloignée de la famille 

idéale, lui offre  un terrain d’expérimentation qui lui permet de vivre ses émotions, d’émettre 

des désirs, d’être à son tour un soutien, de faire des allers-retours constructifs entre ses 

expériences passées et présentes. 

Malgré les difficiles aléas de la vie qui secouent la famille D., Mme D. offre un cadre 

rassurant à Patrick pour que ses blessures ne soient pas destructives, mais deviennent des 

points d’ancrage positifs dans une reconstruction narcissique. 

Notre travail de soignants en A.F.T. a été d’accompagner cet accueil. Le bon sens de Mme D., 

son empathie, ses questionnements, la vie chaleureuse de son foyer nous a permis de voir 

l’évolution de Patrick, il prend de la consistance, s’affirme, se projette dans l’avenir. 

Je peux dire aujourd’hui au travers de ce travail, que les bénéfices n’étaient pas à sens 

unique, ainsi la famille a pu se mobiliser autour de cet accueil évitant ainsi de se refermer 

autour de son chagrin. Patrick a permis que Mme D. retrouve une confiance en elle, et il a 

contribué à la stabilité familiale. Aujourd’hui, la vie continue, et chacun peut faire des 

projets, même de départ et sans danger. 

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Les enveloppes psychiques et l'histoire de Patrick 

Par le Dr Madeleine Bernard 

Cette tentative de théorisation d'une situation clinique est entièrement redevable à la 

conceptualisation que D. HOUZEL donne des enveloppes psychiques. 

Didier HOUZEL définit l'enveloppe psychique comme une structure à 3 feuillets : 

1. la pellicule qui tient compte des aspects préétablis de manière innée du psychisme et 

qu'il décrit comme «l'effet de tension superficielle de la dynamique pulsionnelle elle- 

même». C'est un feuillet instable et «on peut supposer que sous l'effet de la poussée 

pulsionnelle la pellicule se rompe, se déchire, explose» 

2. la membrane : la pellicule doit être lestée de représentations pour être stabilisée, 

représentations qui s'organisent lors des rencontres avec «l'objet» (au sens 

métapsychologique du terme), elle se transforme alors en membrane. La membrane 

est constituée par l'inscription sur la pellicule des traces des rencontres avec 

l'objet. Ce feuillet est en quelque sorte le témoin de l'histoire individuelle du sujet 

3. l'habitat : c'est l'aspect de l'enveloppe psychique qui peut se décrire en terme de 

théorie de construction, théorie qui introduit l'observateur dans le champ 

d'observation, l'observateur et l'observé s'influencent l'un l'autre. Ce feuillet de 

l'enveloppe psychique a pour fonction de délimiter la réalité psychique de la réalité 

extérieure, ces 2 réalités entretenant entre elles des relations dialectiques 

complexes. 

Cette position diffère un peu de celle de Didier ANZIEU, dans la description que celui-ci fait 

du Moi-Peau, qu'il décrit comme une structure à 2 feuillets. Selon J.Doron le Moi-peau serait 

un concept introduisant une notion de limite fermée, le concept d'enveloppe psychique serait 

lui un concept plus modulable ayant une fonction d'interface. 

Quelles interfaces dans l'histoire de Patrick ? 

L'histoire qui vient de vous être rapportée permet, nous a-t-il semblé, dans retenir 3 : la 

famille, l'institution et l'accueil familial thérapeutique. Chacune de ces interfaces peut être 

corrélée à l'un ou plusieurs des feuillets de l'enveloppe psychique telle que l'a conceptualisée 

Didier HOUZEL. 

C'est ce que je vais tenter de vous montrer maintenant. 

La famille 

Dans l'histoire de Patrick, la famille c'est : 

 

 la famille d'origine avec son cortège de bruit, de violence, d'alcool, d'abandon. 

 

 la famille qu'il construit avec son épouse où l'on retrouve de nouveau le bruit, la 

violence, l'alcool, l'abandon. 

Nous faisons l'hypothèse que cette expérience initiale et sa répétition traduisent ce qu'il en 

est pour ce patient de «la pellicule», feuillet au plus près des forces pulsionnelles et 

particulièrement instable dans ce cas clinique. D. HOUZEL souligne d'ailleurs que lorsque 

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«cette partie de l'enveloppe psychique est déchirée, déhiscente, défaillante ... la 

construction de la réalité psychique des enfants est sous la dépendance de répétition 

transgénérationnelle responsables de graves distorsions de la personnalité et de sévères 

dysfonctionnements psychiques». 

Mais la famille c'est aussi les familles successives qui l'accueillent : 

 

 la 1ère famille d'accueil dans l'enfance : «expérience plutôt positive» où il se retrouve 

avec 3 frères et sœurs, famille qui va permettre, à travers le vécu rassurant qu'elle 

procure et les rencontres avec des «objets» la stabilisation (certes momentanée) de la 

pellicule qui va ainsi amorcer sa transformation en membrane 

 

 la famille du frère aîné chez lequel il va habiter quand il a 14 ans où il est également 

accueilli avec 2 frères et 1 sœur, expérience qui renforce sans doute la stabilisation 

amorcée par la famille d'accueil de l'enfance. 

La famille peut donc fonctionner pour Patrick sous ces 2 aspects accolés : une pellicule de 

vécu chaotique, une membrane stabilisante. HOUZEL donne d'ailleurs au concept d'enveloppe 

psychique une extension : le concept d'enveloppe familiale, je cite : «l'enveloppe psychique 

individuelle est nécessairement incluse dans une enveloppe familiale, elle-même pouvant être 

incluse dans une enveloppe groupale plus large. J'entends par enveloppe familiale une 

structure groupale commune aux membres d'une famille, qui assure la succession des 

générations et leur différenciation, qui permet la complémentarité des rôles parentaux 

paternel et maternel, qui garantit la constitution de l'identité de base et de l'identité 

sexuée de chacun des enfants, qui enfin contient dans une même filiation tous les membres 

de la famille et leur fait partager un même sentiment d'appartenance.» 

Institution/Soins/Cadre thérapeutique 

Nous devons à José BLEGER. (psychanalyste argentin qui a travaillé sur les groupes) les 1er 

travaux théoriques sur le cadre qu'il différencie, dans la situation psychanalytique, du 

processus : le cadre apporte les constantes grâce auxquelles l'évolution d'un processus peut 

être déclenchée, contrôlée et achevée. 

BLEGER a donné plusieurs séries d'équivalence du cadre psychanalytique dont l'une est 

l'institution : un cadre fournissant une relation si bien structurée au long cours ne peut être 

qu'une institution, dit-il. 

Il faut remarquer que dans l'histoire de Patrick nous retrouvons dans ce domaine de 

l'institutionnel la même dualité qu'en ce qui concerne la famille. En effet, l'institution c'est : 

 

 le foyer Sonacotra dans lequel il se retrouve après son divorce, qui présente certes un 

cadre institutionnel mais non protecteur réactivant probablement les vécus 

archaïques de l'enfance, vécus que nous avons repérés comme constitutifs de la 

pellicule. 

 

 mais l'institution c'est aussi l'hôpital qui lui fournit protection, mise en dépôt/accueil 

de ses besoins somatiques et relationnels. 

 

 à la jonction entre les 2, faisant lien, les infirmières du CMP porteuses à la fois du 

cadre institutionnel hospitalier soignant mais aussi se déplaçant au foyer Sonacotra. 

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Voici ce que Houzel écrit à propos de l'institution, je cite : 

«pour avoir une fonction thérapeutique, l'institution doit tisser au fil de son histoire une 

enveloppe, comparable à l'enveloppe familiale et douée des propriétés suivantes : 

1. l'étanchéité : ce qui se passe, ce qui se dit, ce qui se vit dans l'institution, gardé à 

l'intérieur et qui ne doit jamais diffuser au dehors 

2. la perméabilité, pas incompatible avec l'étanchéité mais qui doit régir les échanges 

entre l'institution et l'extérieur 

3. la consistance : capacité à résister aux pressions extérieures et intérieures de sorte 

que l'institution ne soit ni désintégrée sous leurs effets, ni malléable à l'envi 

4. l'élasticité : capacité à se déformer sans se rompre sous l'effet de pressions internes 

ou externes. C'est de cette élasticité que dépend la capacité de l'institution à 

accueillir et à contenir la souffrance psychique des patients et de leur famille » 

Ainsi l'expérience institutionnelle de Patrick réifie les expériences familiales mais par les 

implications du CMP à la fois dans l'hôpital et à l'extérieur il semble que s'amorce ce 3ème 

feuillet, l'habitat, dont la fonction, nous enseigne HOUZEL, est de régir les liens complexes 

entre réalité psychiques et réalité extérieure. 

Famille d'accueil thérapeutique 

L'indication d'Accueil Familial Thérapeutique implique, dans le fonctionnement qui est celui 

choisi à l'hôpital d'Annecy, un certain nombre d'échanges obligés et de réflexions communes 

entre de multiples intervenants : les équipes de soins hospitalières et de soins ambulatoires 

mais aussi l'équipe d'AFT et la famille d'accueil elle-même. 

Nous espérons vous avoir rendu sensibles les échanges subtils fait autant de proximité que 

de différences qui ont pu s'instaurer entre Patrick et cette famille. Nous espérons tout 

autant vous avoir fait percevoir que, par une alchimie aussi heureuse qu'inattendue dont les 

institutions ont parfois le secret, les relations entre les différents partenaires 

institutionnels ne se sont pas, pour une fois, établies sur le mode la rivalité, de 

l'appropriation mais sur celui du respect réciproque, de la complémentarité et de l'échange 

véritable. Ce faisant, l'AFT contribue au renforcement de ce 3ème feuillet régulateur entre 

réalité psychique et monde extérieur et procure un nouvel enveloppement, variante de 

l'enveloppement institutionnel : l'enveloppe élargie. 

Encore Houzel : «c'est ce travail d'élaboration en commun que j'appelle enveloppe élargie. 

Tout se passe, alors, comme si la souffrance familiale et les turbulences qui en sont l'origine 

se trouvaient contenues dans une néo-enveloppe constituée par ceux qui sont chargés d'aider 

la famille à un titre ou à un autre, et qui font ensemble ce travail d'élaboration». 

Conclusion 

Nous avons tenté de vous montrer comment cette séquence prolongée de prise en charge de 

ce patient a permis la restauration de la capacité à établir des relations et à faire des 

projets, à partir des expériences chaotiques de la vie et à travers les différentes modalités 

de soins intriquées qui lui ont été proposées. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 10 

M. DUFOUR, M. GENNHAM, C. BOSONETTO, Dr M. BERNARD  

L’alchimie d’une rencontre : d’une vie en lambeaux à un patchworkrevitalisant 

10 

La théorisation, dans l'après-coup, en termes d'enveloppes psychiques, des différents 

emboîtements que nous avons pu repérer, nous semble particulièrement féconde tant dans la 

compréhension de l'histoire clinique de Patrick que dans l'exigence d'analyse de notre 

fonctionnement à laquelle nous sommes tenus. 

Toujours Houzel : «Le tissage de l'enveloppe institutionnelle est la condition, pour que des 

processus thérapeutiques puissent y prendre place. Ces processus échappent à la maîtrise 

des soignants, et il faut qu'il en soit ainsi. La tache des soignants n'est pas de les diriger 

mais de créer les conditions qui les rendent possible et qui les favorisent en tissant cette 

enveloppe et en la retissant au fur et à mesure que l'expérience acquise l'exige». 

Entre les lambeaux famille d'accueil de l'enfance et celle de l'âge mûr, foyer Sonacotra et 

hôpital, soins ambulatoires et équipe d'AFT, puissent les liens ténus établis fonctionner, pour 

Patrick, comme le beau et enveloppant patchwork de sa vie. 


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